Bourbon : un virus mortel transmis par les tiques

© Bourbon : un virus mortel transmis par les tiques

Ce virus mortel, découvert aux USA, pourrait être transmis par les tiques et les moustiques.

 

 

C'est la mort d'un homme qui est à l'origine de cette découverte : au printemps 2014, un habitant du Kansas, âgé d'une cinquantaine d'année, en bonne santé, est mordu par des tiques alors qu'il jardine. Il retrouve une tique gorgée de sang plantée dans son épaule.
Quelques jours plus tard, il commence à ressentir une grande faiblesse, avec nausées et diarrhée. Le lendemain, il perd l'appétit, frissonne, souffre de fièvre, de maux de tête, de douleurs musculaires et articulaires.
Le 3ème jour, il consulte son médecin traitant qui lui donne un traitement antibiotique (doxycycline) efficace contre les maladies provoquées par les tiques.
Le lendemain, son épouse le trouve dans un état de semi-inconscience : elle appelle une ambulance qui le conduit à l'hôpital. 

Les premiers examens médicaux constatent plusieurs morsures de tiques sur son corps, une rash (éruption  cutanée) sur le tronc, une déshydratation, et un état de syncope. 
Les premiers bilans sanguins révèlent une thrombocytopénie et une leucopénie
Les médecins poursuivent le traitement antibiotique (doxycycline) contre les maladies causées par les tiques .

Mais malgré cela, son état continue à se dégrader : la fièvre s'accentue, des  ganglions apparaissent au niveau des aisselles, une éruption de plaques rouges envahit sa poitrine, son ventre et son dos, son palais se couvre de pétéchies, sa respiration devient crépitante, … Le malade est cependant toujours lucide et réactif.
Il est transféré en unité de soins intensifs où son état empire : ses reins s'affaiblissent, sa respiration devient difficile. 
Après l'avoir ranimé plusieurs fois, les médecins décident d'arrêter les soins et il meurt 11 jours après l'apparition des premiers symptômes, sans que les médecins sachent quelle maladie l'a frappé : les nombreux tests effectués pour rechercher les maladies infectieuses provoquées par les tiques (Fièvre des montagnes rocheuses, tularémie, brucellose, babésiose, fièvre Q) sont négatifs, de même que les tests pour détecter l'aspergillose, l'histoplasmose, le cytomégalovirus, le virus Epstein-Barr, le parvovirus, l'hépatite B, l'hépatite C, le virus West Nile et le VIH.

Un échantillon de sang du malade est alors envoyé au CDC (Centre de contrôle et de prévention des maladies) pour des analyses complémentaires : grâce à une technologie moléculaire avancée, la présence massive d'un virus est confirmée. Mais il s'agit d'un virus inconnu

Baptisé Bourbon (du nom du comté où vivait le patient décédé), il fait partie de la famille des thogotovirus, connus pour être transmis par les tiques et d'autres insectes (notamment les moustiques), mais qui n'avaient jusqu'à présent jamais causé de maladie mortelle chez l'homme (on ne recensait que 7 cas d'infection humaine avec symptômes par thogotovirus).

Les recherches se concentrent maintenant sur d'éventuels autres cas de décès liés à ce virus, ainsi que sur sa répartition géographique et ses réservoirs (tiques ? moutiques ? autres insectes ?)

 

Source : Novel Thogotovirus Species Associated with Febrile Illness and Death, United States, 2014 – http://wwwnc.cdc.gov/

 

Crédit photo : Tick – © Viktor – Fotolia.com