Bientôt un vaccin contre le cancer

© Bientôt un vaccin contre le cancer

Une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal (Canada) a fait une découverte permettant d’espérer la mise au point d’un vaccin contre le cancer dans les 5 à 10 prochaines années.

Le Dr Perreault est chercheur à l’Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de Montréal.

Lui et son équipe travaillent depuis 10 ans sur le lien entre cancer et système immunitaire. Leur objectif : combattre le cancer « de l’intérieur », grâce au système immunitaire du malade, de la même façon que notre organisme lutte pour se défendre contre la grippe par exemple : « Notre idée consiste à traiter les cellules cancéreuses comme s’il s’agissait de cellules infectées » explique-t-il.

C’est en constatant le taux de succès des greffes de moelle osseuse pour traiter les leucémies que le Dr Perreault a eu l’idée de concentrer ses recherches sur le système immunitaire. Il compte dans son équipe une étudiante au parcours particulier : Krystel Vincent.
Cette jeune femme de 31 ans a été atteinte d’un cancer des ganglions quand elle avait 19 ans. Alors que tout espoir de guérison semblait perdu, elle a guéri grâce à une greffe de moelle osseuse et a décidé de consacrer sa vie à la recherche : « Je dois redonner une partie de ma guérison, car je sais que je suis en vie aujourd’hui grâce à la greffe » dit-elle. Elle travaille depuis 6 ans dans l’équipe du Dr Perreault, auprès duquel elle complète un doctorat en immunologie, et elle scrute sans relâche son microscope à la recherche de cellules qui pourraient détruire les tumeurs cancéreuses.

Des analyses de tissus prélevés sur des tumeurs cancéreuses ayant montré que les lymphocytes T (globules blancs jouant un rôle essentiel dans la réponse immunitaire et la lutte contre les infections) y sont nombreux, les chercheurs se sont demandés comment en augmenter le nombre tout en les empêchant de combattre les cellules saines. Et ils y sont parvenus : « Ce qui nous a mis sur la bonne voie, c’est l’injection de lymphocytes T, qui considèrent les cellules cancéreuses comme des étrangères et par conséquent les rejettent. En fait, le cancer est causé par des mutations génétiques et la survie des cellules cancéreuses est tributaire de ces mutations. Mais heureusement, ces mutations impliquent la production de molécules exogènes auxquelles les lymphocytes T sont sensibles. »

Krystel Vincent a trouvé comment activer ces anticorps dans l’ADN humain pour qu’ils sachent reconnaître les cellules cancéreuses et lutter plus efficacement contre elles : « Les lymphocytes T sont les anticorps produits par le thymus, qui s’attaquent aux cellules étrangères dans tout notre système. (…) On peut éduquer les lymphocytes T à s’en prendre aux cellules cancéreuses et les injecter dans le corps ». Et en effet, des tests ont prouvé que des lymphocytes T prélevés sur une souris en bonne santé et injectés à des souris atteintes de leucémie avaient détruit les cellules cancéreuses.

Après des mois de recherche en immunothérapie, en chimie et en informatique, et des tests pratiqués sur des souris concluants, et le Dr Perreault pense commencer bientôt les essais cliniques sur des patients de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont : en effet, ses recherches ont démontré que si on le stimule, le système immunitaire peut s’avérer plus efficace que la chimiothérapie et la radiothérapie dans la lutte contre le cancer.

Il croit fortement que d’ici 5 à 10 ans, il sera possible de traiter le cancer grâce à un vaccin qui stimulerait le système immunitaire des malades de façon à ce qu’il détruise les cellules cancéreuses : ce vaccin ne serait donc pas préventif (il ne protégerait pas contre le cancer) mais curatif (il soignerait les personnes déjà atteintes par un cancer).

Le Dr Perreault cible en priorité les 4 cancers les plus meurtriers : cancer du sein, de l'ovaire, du poumon et du côlon. « Je ne m’inquiète pas pour l’avenir, mais plutôt pour le présent et pour tous ceux qu’on n’arrive toujours pas à guérir en ce moment » dit-il.

D’autres équipes de scientifiques travaillent sur cette piste, notamment dans la prestigieuse université de Harvard aux États-Unis, et des compagnies pharmaceutiques s’intéressent déjà au projet.