Cannabis … et tabac

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    maryread
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    Effets cliniques somatiques

    La toxicité aiguë est très faible. Une activité myorelaxante et anticonvulsivante voisine de celle des benzodiazépines serait liée au cannabidiol.

    Le Δ9THC est bronchodilatateur, mais la fumée contient des irritants comme celle du tabac qui est souvent associé. Un joint contient 4 à 5 fois plus de goudrons et de produits toxiques qu’une cigarette. Chez des fumeurs au long cours, on a montré une diminution des performances ventilatoires et de la diffusion du CO.

    En faisant fumer en machine, dans des conditions analogues, des cigarettes de tabac ou de cannabis de même longueur et de même poids, les teneurs de la phase gazeuse en CO, CNH, acétaldéhyde, acroléine, et en carcinogènes (diméthylnitrosamine et méthyléthylnitrosamine) sont du même ordre de grandeur.
    Dans la phase particulaire, le benzopyrène et le benzanthracène ont été trouvés 50% plus élevés dans la cigarette de marijuana, mais il n’y a évidemment pas de nitrosonornicotine.

    Un effet analgésique du cannabis est sujet à controverses.

    Il ne semble pas y avoir, dans l’état actuel de la consommation, de troubles somatiques faisant sur ce plan de la consommation isolée de marijuana un problème de santé publique. En particulier, on n’a pas pu montrer avec certitude d’effets délétères sur le fœtus.

    Manifestations psychiques.

    De fortes doses chez des sujets prédisposés peuvent déclencher des troubles psychotiques aigus. Des troubles durables peuvent se voir lors d’une consommation prolongée et précipiter la décompensation d’un trouble psychique antérieur. Certains auteurs pensent que le cannabis peut à lui seul déclencher une schizophénie véritable.

    L’intoxication aiguë est une véritable « ivresse » cannabique, sans séquelles:
    – troubles du cours de la pensée, désorientation temporelle, troubles mnésiques, perturbations de la libido
    – altérations sensorielles (vision, ouie, odorat, goût, schéma corporel), troubles de l’équilibre et de la coordination des mouvements.
    – troubles thymiques et dissociatifs, avec euphorie, dysphorie, anxiété, agressivité, dépersonnalisation, hallucinations, délire.

    Le DSM3-R donne les critères diagnostiques suivants de l’intoxication au cannabis

    A. Prise récente de cannabis
    B. Modifications comportementales inadaptées,
    par exemple : euphorie, anxiété, méfiance ou idéation persécutoire, sensation de ralentissement du temps, altération du jugement, retrait social.
    C. Au moins deux des symptômes physiques suivants apparus dans les deux heures qui suivent la prise de cannabis :
    1) conjonctives injectées
    2) stimulations de l’appétit
    3) sécheresse buccale
    4) tachycardie
    D. Non dû à un trouble physique ni à un autre trouble mental.

    Divers troubles ont été attribués à un usage fréquent et prolongé, mais la plupart des rapports sur le sujet sont discutables selon qu’ils émanent d’adeptes ou d’opposants.
    -Perturbations réversibles de la mémoire immédiate, mais pouvant persister après des semaines d’abstinence.
    -Crise d’angoisse aiguë.
    – Syndrome « amotivationnel » avec repli sur soi-même, morosité, marginalisation.
    -Psychose cannabique :
    Syndrome confusionnel aigu
    Syndrome schizoïde
    Trouble psychotique chronique
    -Accidents de la route : risque multiplié par 2 à 3,5.

    Le problème de la dépendance
    Il existe une dépendance physique chez des sujets prenant régulièrement de fortes doses. Le syndrome de sevrage brutal commence après 12 heures, croît pendant deux jours et disparaît en 3 à 5 jours. Pas de signes spécifiques: anxiété vive, irritabilité, agitation, insomnie, anorexie.
    En ce qui concerne la dépendance « psychique », elle peut se développer rapidement chez des sujets ayant par ailleurs des troubles psychiques préexistants (3). Mais il ne semble pas que l’on observe chez des adolescents sains par ailleurs de dépendances comme pour le tabac et l’alcool.

    Les relations avec le tabac

    S’il est clair que le cannabis est très souvent fumé en même temps que le tabac, les raisons de cette association ne le sont pas. D’une cohorte d’adolescents où l’on a étudié les corrélations entre les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis, il ressort qu’elles peuvent être expliquées par un facteur représentant la susceptibilité individuelle à l’utilisation de substances, que les prédicteurs de vulnérabilité sont à 54% l’importance de l’attachement du sujet à des pairs délinquants ou utilisant des substances, la recherche de nouveauté et l’usage de produits illicites par les parents.

    En fait, l’usage du cannabis se développe essentiellement chez les fumeurs de tabac. On peut se demander si l’association ne reflète pas simplement la similitude du mode d’usage, et aussi si, du fait de sa moindre disponibilité et du prix plus élevé, le fait de le mêler à du tabac ne serait pas une façon de l’utiliser plus économiquement.

    Ce sentiment peut être conforté par les rares études sur les relations entre le fait de fumer du cannabis et du tabac. Chez des buveurs, fumeurs de tabac et de marijuana, la prise d’alcool est tout à fait corrélée à la consommation de tabac selon l’intensité du tabagisme, mais la consommation de marijuana n’est pas corrélée à celle de tabac bien que les deux produits soient souvent fumés ensemble. De même la consommation de cannabis semble indépendante de la consommation d’alcool. Après avoir fumé une cigarette contenant des doses croissantes de marijuana ou un placebo, le rythme cardiaque s’accélère en fonction de la dose, ainsi que le sentiment de plaisir. Mais on n’observe aucune modification de la fume de cigarette de tabac ultérieure.

    En conclusion, il ne semble pas y avoir d’autres raisons d’associer tabac et cannabis, autres que le mode d’utilisation qui s’y prête, la simple addition des effets et une sensibilité particulière à la recherche de produits. La dépendance au joint est peut-être plus liée à la dépendance au tabac, l’usage de la marijuana restant le plus souvent festif, et ne s’ancrant fortement que chez des sujets psychiquement fragiles. Quant à la toxicité somatique du produit, des travaux chez des fumeurs de cannabis seul donnent à penser que son usage prolongé et répandu pourrait donner les mêmes complications de bronchite chronique que le tabac. De plus, la composition de sa fumée laisse augurer d’un pouvoir carcinogène analogue, et l’oxyde de carbone y est présent au même taux que dans la fumée de tabac. L’association avec le tabac se fait par ailleurs avec des cigarettes artisanales, sans filtres, et l’on peut raisonnablement penser que la synergie pathogène entre les deux produits se fait dans les pires conditions.

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