Coeur Carmat : décès du 1er patient greffé

© Coeur Carmat : décès du 1er patient greffé

Le 1er patient à avoir bénéficié d'une greffe de coeur Carmat est décédé lundi 2 mars à l'hôpital européen Georges Pompidou, 75 jours après l'implantation de ce coeur entièrement artificiel et biocompatible.
Cela ne remet cependant pas en question la poursuite des essais. Explications.

Qui était ce patient ?
Le patient âgé de 76 ans, resté anonyme, était atteint d'une insuffisance cardiaque terminale, et son espérance de vie était de quelques mois. Il était trop âgé pour bénéficier d'une greffe de coeur : les greffons sont très rares, et sont réservés aux malades de moins de 65 ans.
Se sachant en fin de vie, il avait accepté d'être le 1er à tester ce prototype de coeur entièrement artificiel mis au point en France par le Professeur Alain Carpentier. «Pleinement conscient de l’enjeu, il a, par sa confiance, son courage et sa volonté, apporté une contribution mémorable aux efforts engagés par les médecins pour lutter contre une maladie en pleine évolution» : c'est par ces mots que l'équipe médicale lui a rendu hommage.

Quelles sont les causes de son décès ?
Selon l'hôpital Georges Pompidou, "les causes ne pourront être connues qu'après l'analyse approfondie des nombreuses données médicales et techniques enregistrées" 

Est-ce le 1er coeur artificiel à avoir été implanté ?
Non, des coeurs artificiels sont implantés depuis une dizaine d'années dans le monde, mais il s'agit d'une solution provisoire en attente d'un greffon. Ces appareils nécessitent un traitement anticoagulant très lourd qui aggrave le risque d'hémorragie.
Le coeur Carmat est, lui, «un coeur artificiel implantable, total, biologique et définitif», ce qui évite la formation de caillots. Il est conçu pour durer au moins 5 ans.

Cette implantation est-elle un échec ?
Non, malgré le décès du patient, cette 1ère  implantation n'est pas considérée comme un échec par l'équipe médicale, qui s'est exprimée par la voix du Professeur Duveau : "Nous avons une part de satisfaction puisque l'objectif principal était de démontrer qu'on pouvait assurer la survie d'un patient extrêmement grave grâce à ce dispositif pendant au moins un mois".
Grâce à ce patient, les médecins ont obtenu de précieuses informations «concernant la sélection du malade, le suivi postopératoire, le traitement et la prévention des difficultés rencontrées».

Comment la recherche va-t-elle se poursuivre ?
D'autres implantations doivent avoir lieu, dans différents centres hospitaliers (hôpital Georges-Pompidou,hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson, CHU de Nantes).
Après une 1ère phase destinée à «tester la sécurité de la prothèse» sur 4 patients, une 2ème phase testera les «aspects qualitatifs d'efficacité» sur 20 patients.

Tous les malades souffrant d'insuffisance cardiaque pourront-ils à  terme bénéficier d'un coeur Carmat ?
Non, hélas. Ce coeur artificiel est lourd : 900g soit 3 fois le poids du coeur humain. Il ne pourra donc être implanté que sur des patients ayant une corpulence suffisante (on estime que cela concerne 70% des hommes et 25% des femmes).
Le coût est aussi un obstacle : à 160 000 €, il pourrait ne bénéficier qu'aux patients les plus fortunés, sauf si la sécurité sociale décide de le rembourser.

 

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