Viol

Définition

Définition

En France, le viol se définit comme un acte de violence par lequel et au cours duquel une personne non consentante est obligée, contrainte, à des relations sexuelles.
Le viol est donc un acte sexuel criminel commis sous la menace ou l’utilisation de la force contre une personne qui n’est pas consentante.

Un point particulier est le cas de l’homme violé, qui est susceptible de présenter des traumatismes physiques plus intenses que la femme. D’autre part, l’homme signale plus difficilement que la femme le viol. Signalons également que des viols d’homme par les femmes ont été rapportés.

Classification

La loi distingue plusieurs sortes de viols :
Le viol sur rendez-vous est une variété de viol au cours duquel la victime accepte un rendez-vous au cours duquel le violeur, le plus souvent un homme, force la personne à un rapport sexuel non désiré.
Le viol statutaire est un rapport sexuel avec un mineur.
La pénétration des orifices du corps par des objets animés constitue une forme de viol.

Il existe un point sur lequel il est nécessaire d’insister : il s’agit du viol des enfants de moins de 10 ans. En effet, par la suite, le suivi et la prise en charge des sévices infligés aux enfants nécessite une prise en charge particulière.

Symptômes

Épidémiologie

En France, environ 20 000 actes de violence sexuelle sont effectués sur les femmes chaque année. Il semble que ce chiffre soit beaucoup plus élevé. Parmi ces viols, un sur deux survient entre les membres d’une même famille. Généralement, le viol est prémédité. Il s’agit de viol non impulsif, qui est bien réfléchi à l’avance. Dans 1 cas sur 2, une arme est employée au cours de l’agression sexuelle, le plus souvent une arme blanche (couteau).

Examen médical

Examen physique

La prise en charge d’une personne violée doit se faire dans un service hospitalier spécialisé et non pas en service d’urgence ou en service de soins au sens large (service de médecine, service de psychiatrie, etc…). Le personnel prenant en charge la personne violée doit posséder une expérience et un entraînement adaptés ainsi qu’une motivation à la hauteur de l’acte.

Comme pour une consultation classique, la personne violée doit relater les faits, ce qui permet d’orienter l’examen clinique. Néanmoins, étant donné que ceci constitue un traumatisme pour la patiente (ou plus rarement le patient), il est important de ne pas avoir à réitérer cet interrogatoire. Pour cela, le compte-rendu détaillé de l’histoire doit être noté. Cet interrogatoire doit être mené avec neutralité et attention. Il nécessaire quelquefois d’insister pour que la patiente n’oublie pas certains points importants et des détails de l’agression. En effet, parfois les personnes violées oublient certains points importants, soit parce qu’elles sont en état de choc, soit parce qu’elles ne veulent pas que les faits soient divulgués. D’autre part, il est important de prévenir la patiente, avec empathie, que d’autres séances d’investigation psychologique sont à prévoir. Ensuite, les premiers soins sont apportés.

L’examen physique, moment important et susceptible de traumatisme supplémentaire, doit bien entendu être soumis au consentement de la personne violée.
L’examen pelvien (du bassin) de la patiente doit faire l’objet d’une description minutieuse et d’explications au fur et à mesure qu’il se déroule. Celui-ci devrait, pour être le moins traumatisant possible, être effectué par une personne du même sexe. Les conclusions ne sont pas immédiatement notées mais tout d’abord discutées avec la patiente elle-même.
Les différents prélèvements effectués (sperme, détermination génétique de l’ADN rarement, etc…) doivent être déposés dans des sachets individuels fermés, avec mention de leur contenu, datés et scellés. Après dépôt au laboratoire de la police, l’obtention d’un reçu est nécessaire.

Examen complémentaire

Le bilan psychologique de la patiente est particulièrement important. En effet, à la suite d’un viol, les comportements et les attitudes des membres de la famille, des amis sont variables. Il est donc nécessaire d’en prévenir la victime. Il en est de même des sentiments personnels qui entraînent parfois l’apparition de réactions négatives, dépression et autres perturbations psychologiques plus ou moins graves.

Le plus souvent, on constate l’apparition d’une phase aiguë durant quelques jours voire quelques semaines, correspondant au syndrome de stress post-traumatique. Généralement, cette phase est suivie d’une phase de récupération et de réorganisation mentale.

Cause

Cause

Sur le plan psychologique, le viol correspond de façon certaine à un acte de violence plutôt qu’à un acte sexuel, et semble traduire le besoin de puissance, d’agressivité ou l’expression d’une colère.

Traitement

Traitement

Le traitement passe bien entendu tout d’abord par la mise en évidence des blessures, même les plus petites, qui passent quelquefois inaperçues si l’examen physique est trop rapidement effectué. Parfois, certaines plaies nécessitent une intervention chirurgicale (mais ceci est plus rare). Quand on suspecte des lésions profondes du vagin, il est quelquefois nécessaire de procéder à une laparoscopie de façon à établir leur profondeur, particulièrement chez les petites filles.

Ce sont les traumatismes psychologiques qui risquent d’entraîner les retentissements les plus importants, nécessitant une prise en charge psychothérapeutique adaptée et efficace. Un des ressentis majeurs de la personne violée est l’insécurité : c’est la raison pour laquelle il est nécessaire de rassurer constamment la patiente quant à sa sécurité.

Le traitement psychologique ne s’adresse pas uniquement à la patiente violée. En effet, il est nécessaire de savoir que la famille, les amis et l’entourage de la victime sont susceptibles de présenter des réactions perturbées, soit de stress supplémentaire, soit d’autres réactions psychologiques. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire, en dehors de la prise en charge de la patiente violée, de s’intéresser à l’entourage en prévenant l’éventuelle survenue de réactions émotionnelles. Il est également nécessaire de prévenir ceux-ci de la nécessité du contrôle de leurs sentiments en présence de la personne violée. Enfin, par la suite, en collaboration avec équipe psychologique, une aide sociale par le biais de travailleurs sociaux est nécessaire, essentiellement quand le traitement s’avère long.

Évolution

Évolution

Les réactions les plus fréquentes des patientes violées sont avant tout la peur et la colère. Ceci se traduit par un flux de paroles très intense (logorrhée), de la tension nerveuse, des tremblements, des pleurs. Généralement, ceci évolue vers un état de perturbations affectives dont la traduction peut être une immobilité quasi totale et paradoxalement un sourire dans le vide. Il ne faut pas considérer ces réactions comme un désintérêt de la victime mais au contraire comme une asthénie importante (fatigue physique) ou peut-être une manipulation de ses propres émotions.

Plus tardivement, l’évolution laisse apparaître d’autres symptômes qui peuvent aller de l’aversion sexuelle jusqu’à l’état dépressif en passant par la méfiance, l’apparition de phobies, de perturbations sexuelles, d’anxiété, de cauchemars, de troubles du sommeil, etc… Certaines victimes montrent également un retrait social. Un phénomène important à signaler est la survenue d’une sorte d’auto-accusation dans la responsabilité de la survenue du viol (impression d’avoir provoqué l’agression, qu’elle aurait pu l’éviter ou la prévenir). Plus rarement, la victime ressent ceci comme une punition au sens large, voire une punition divine. Si certaines personnes violées semblent donner l’impression de récupérer rapidement (déni conscient du viol) avec une reprise précoce des activités habituelles, il faut garder en tête qu’il existe une résurgence des symptômes (syndrome de stress post-traumatique) apparaissant tardivement et qui doit donc être en quelque sorte attendue aussi bien par le thérapeute que par la patiente.

Complications

La prophylaxie des maladies sexuellement transmissibles (chlamydia, gonococcie, syphilis, hépatites) se fait par la mise en place de test de l’hépatite B et les réagines plasmatiques rapides. Le plus souvent, il est donné à la patiente des antibiotiques de la famille de la pénicilline. Généralement, la prévention conseillée consiste à administrer de la ceftriaxone à raison de 250 mg intramusculaires en dose unique ou de la métronidazole à raison de 2 g sous forme de comprimés en dose unique avec doxycycline à raison de 100 mg per os 2 fois par jour pendant sept jours. D’autre part, il est nécessaire de répéter les tests en ce qui concerne chlamydia, syphilis, gonocoque et hépatites un mois et demi plus tard. Pour l’hépatite et pour la syphilis, ces tests doivent être répétés. Il existe une probabilité minime pour que la patiente soit contaminée par le virus de l’immunodéficience humaine (sida). Néanmoins, il est nécessaire d’effectuer des tests au moment de l’examen initial et après 90 jours. En cas de positivité du premier test, un traitement antiviral est bien entendu mis en place immédiatement.

Enfin, le risque de survenue de grossesse est également minime. Ceci est mis en évidence par le dosage des hormones gonadotrophines chorioniques, très sensible dès les premiers jours. Dans certains cas, il est nécessaire de mettre en place un traitement contraceptif en urgence en utilisant par exemple 50 mg de éthinylestradiol suivi d’une deuxième pris à 12 heures d’intervalle. Ce traitement est efficace dans quasiment 100 % des cas quand ceci est administré 72 heures après le viol.