Vieillissement normal et pathologique

Définition

Définition

Le vieillissement est un processus normal touchant tous les êtres vivants dès le début de leur existence. Cette loi biologique fondamentale s’inscrit dans les gènes de chacun de nous.

Le terme sénescence désigne l’affaiblissement des capacités d’un individu, dû au vieillissement des tissus de son organisme et de son psychisme.

Le terme décrépitude, à l’instar de celui de délabrement (préférentiellement utilisé pour désigner la vétusté avancée d’une structure), indique l’état de vieillesse extrême, de déliquescence des tissus composant un organisme. 

Symptômes

Physiologie

Chaque espèce (humaine, animale ou végétale) semble programmée pour vivre un certain temps.

En ce qui concerne les humains, l’âge maximum était d’environ 120 ans à la fin du XXème siècle. Bien entendu, il existe des disparités importantes entre les individus et les chances d’atteindre un âge avancé sont plus élevées lorsque les parents et les grands-parents sont eux-mêmes décédés très âgés. Néanmoins, l’espérance de vie augmente de plus en plus, en grande partie grâce aux progrès médicaux et à l’amélioration des conditions socio-économiques.

Le vieillissement du corps humain, qui commence vers la trentaine, est également appelé homéosténose. Néanmoins, l’homéosténose qui caractérise le vieillissement "normal" de l’individu ne doit pas être confondue avec le syndrome du glissement qui survient dans les derniers mois voire les derniers jours de la vie. Le terme de glissement a été utilisé en 1967 par P. Graux pour désigner la modification du comportement de certaines personnes très âgées. Ce changement se caractérise par une détérioration globale des fonctions intellectuelles, un désintérêt pour toutes choses, un refus de se mouvoir et de s’alimenter. Le plus souvent, cette pathologie est consécutive à une maladie ou à un accident. Son pronostic est très péjoratif.

On constate un bouleversement de la pyramide des âges qui est dû non seulement à la diminution de la fécondité mais également à l’espérance de vie moyenne qui augmente dès la naissance. Le nombre de personnes atteignant un âge avancé est de plus en plus élevé. Ainsi, le nombre de centenaires est passé de 3000 en 1990 à 6000 en l’an 2000. D’autre part, selon certaines estimations, en 2040 le pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans sera d’environ 25 % alors qu’il est actuellement de 15 %.

Physiopathologie

Toutes les maladies se manifestant chez un sujet âgé (de plus de 75 ans) touchent globalement un organe ou un système d’organes qui, le plus souvent, ont été fragilisés auparavant. Ces pathologies sont (liste non exhaustive) : 

  • Abus de médicaments ou utilisation de médicaments inadaptés (diurétiques, digoxine, sympathicomimétiques, etc…)
  • Chutes répétitives
  • Dérèglement hormonal (diabète entre autres)
  • Déshydratation
  • Diverses infections et plus particulièrement urinaires et pulmonaires
  • État confusionnel
  • Faiblesse générale
  • Fibrillation auriculaire (inefficacité des battements très rapides des oreillettes cardiaques)
  • Impotance fonctionnelle.
  • Incontinence urinaire (le patient ne retient plus ses urines)
  • Insuffisance cardiaque
  • Neuropathie (atteinte du système nerveux périphérique)
  • Pertes de connaissance
  • Refus de nourriture avec carences généralisées
  • Carences affectives et sociales
  • Refus de se mouvoir, de communiquer
  • Troubles psychologiques à type de dépression, d’anxiété
  • Troubles vasculaires cérébraux s’aggravant, à l’origine de troubles cognitifs

Il faut signaler le fait qu’avec le vieillissement, on constate une augmentation de la fréquence des cancers, dont la moitié sont diagnostiqués. Ces cancers, qui touchent essentiellement le tube digestif et avant tout le colon, mais aussi la prostate, la vessie, le sein ou la peau, nécessitent donc un dépistage précoce par utilisation des examens paracliniques :

  • La coloscopie pour le cancer du colon
  • La palpation du sein
  • L’échographie de la prostate
  • Les analyses anatomopathologiques d’urine
  •  Les prélèvements de peau
  • etc… 

On constate une augmentation des maladies vasculaires, et plus particulièrement l’augmentation de la tension artérielle (hypertension artérielle), avec l’âge.

La survenue d’accidents vasculaires cérébraux, d’infarctus ou tout simplement d’angine de poitrine est plus importante à partir de 60 ans.

Les insuffisances vasculaires cérébrales constituent le premier facteur de survenue de démence d’origine vasculaire.

L’augmentation de la tension artérielle chez les individus (les personnes hypertendues) multiplie par deux le risque de voir survenir urne hémiplégie (paralysie de la moitié du corps).

Enfin, l’artériopathie des membres inférieurs, qui se caractérise par une diminution de passage du sang dans les artères, expose également le patient à la survenue d’ulcères de jambe et à l’occlusion (obstruction totale) des mêmes artères.

Les maladies dégénératives du cerveau touchent environ 1 personne de plus de 60 ans sur 20 et 1 personne de plus de 85 ans sur 5. Ces pathologies se caractérisent par une altération des facultés mentales. Il s’agit essentiellement de la maladie d’Alzheimer, qui se caractérise par une dégénérescence de neurones associée à des troubles de la mémoire, du raisonnement, du langage, et une difficulté d’orientation dans le temps et dans l’espace (désorientation temporospatiale). Néanmoins, le traitement de cette pathologie avec la mise au point d’un vaccin semble prometteur.

Les affections osseuses et articulaires, et plus particulièrement l’arthrose, sont plus fréquentes chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Il s’agit avant tout d’une atteinte du genou, de la hanche, des vertèbres lombaires, des articulations périphériques (surtout chez la femme : les mains). Celles-ci sont à l’origine de douleurs, de poussées inflammatoires.

Cause

Cause

Au début des années 1990, les personnes âgées de 60 à 80 ans présentaient en moyenne 5 à 6 maladies chacune, c’est-à-dire le double du reste de la population. Le vieillissement et le déclin se caractérisent par une involution, c’est-à-dire une modification régressive des organes et de l’ensemble des tissus de la personne âgée comme faisant partie d’un processus normal (physiologique) apparaissant dans le cadre d’une maladie. Compte-tenu de l’affaiblissement des réserves des personnes âgées, les pathologies citées  ci-dessus ont tendance à précipiter la survenue du syndrome de glissement.

Traitement

Traitement

L’utilisation d’antalgiques (antidouleurs), d’anti-inflammatoires, de psychotropes (médicaments destinés au système nerveux central) doit se faire avec prudence. En effet, étant donné la faiblesse des organes et plus spécifiquement des reins, il est nécessaire de savoir que l’élimination de ces produits est diminuée par rapport à un individu plus jeune.

Les remarquables progrès des prothèses, de l’anesthésie, des techniques opératoires (intervention chirurgicale) permettent de réparer le vieillissement des tissus de l’organisme d’une personne âgée.

La déminéralisation du squelette (c’est-à-dire l’ostéoporose), qui débute dès l’âge de 20 ans chez la femme et qui s’accentue progressivement en passant par un pic au moment de la ménopause, est bien prévenue par l’administration de médicaments adaptés. Il existe actuellement une polémique quant à l’utilisation des oestrogènes et de la progestérone, pouvant être, semble-t-il, avantageusement remplacés par les phyto-oestrogènes et les phytoprogestérones.

Le glaucome peut éventuellement être traité par instillation d’un collyre, mais le plus souvent il est nécessaire de pratiquer une intervention chirurgicale. Il en est de même de la cataracte.

Évolution

Prévention

Peut-on prévenir voire diminuer le vieillissement ?

Des expériences, tentées sur des souris, ont montré qu’une diminution de l’apport calorique (diminution de la quantité d’aliments ingérée) multipliait par 1/2 la longévité de ces animaux.

Particulièrement impliqués dans le phénomène de sénescence, les taux sanguins d’hormones (c’est-à-dire les quantités d’hormones dans le sang) baissent avec l’âge. Néanmoins, il est difficile de connaître avec exactitude le rôle de ces hormones et plus particulièrement si cette diminution est une cause ou une conséquence du vieillissement.

Le processus de vieillissement n’est pas totalement élucidé. En utilisant un ver (coaenorhabditis elegans), Gary Rufkun a démontré que le vieillissement est dans cette espèce sous le contrôle d’une hormone proche parente de l’insuline (I. G. F. 1).

Une autre étude (plus ancienne) américaine a démontré les effets bénéfiques de l’hormone de croissance. En effet, son administration augmente la quantité des fibres musculaires ainsi que leur volume et a également une action sur la trophicité (vie) de la peau. On ne connaît pas, pour l’instant, les effets secondaires à long terme. C’est la raison pour laquelle l’administration n’est pas conseillée sans l’accord d’une équipe médicale spécialisée (centre de gérontologie – gériatrie).

La D.H.EA. (dihydroépiandrostérone) n’a pas fait la preuve de son efficacité. Cette hormone sécrétée par les glandes surrénales est présente à un taux plus élevé chez les personnes jeunes que chez les sujets âgés. Le recul, ici aussi, n’est pas suffisant pour conseiller un traitement à long terme.

L’effet des radicaux libres n’est plus à démontrer quant au vieillissement. Un autre fait est intéressant à souligner : certaines variétés de souris semblent profiter d’une longévité accrue essentiellement chez les femelles. Les mâles quant à eux n’ont qu’un bénéfice limité : il existe donc a priori, comme chez les hommes, une différence liée au sexe. Ceci donne à penser que les hormones jouent un rôle essentiel dans la sénescence et, parmi ces hormones, les oestrogènes apporteraient un bénéfice plus grand.
 
Pour les personnes âgées, un apport suffisant en protéines animales, en vitamines, en oligo-éléments, une hydratation suffisante (apporter au minimum un litre et demi d’eau par jour sans compter l’alimentation) ainsi qu’une activité physique adaptée à l’âge sont les critères d’un vieillissement retardé et surtout d’un confort de vie. L’activité physique se résume quelquefois à du jardinage, une marche d’une demi-heure tous les jours, pour ceux qui le peuvent à un petit footing d’un quart d’heure tous les 2 jours. Non seulement l’activité physique est intéressante sur le plan organique (meilleur fonctionnement cardio-vasculaire et pulmonaire, diminution de l’ostéoporose) mais de plus elle procure, sur le plan psychologique, un bien-être moral qu’il ne faut pas sous-estimer.

La poursuite d’une activité intellectuelle (sans arrêt), la concentration, un intérêt pour le monde extérieur et plus particulièrement l’activité culturelle, la lecture, le bénévolat au sein d’une association, etc… constituent des facteurs qui permettent de préparer un vieillissement en bonne forme. Différentes études ont montré que les personnes âgées soumises à des stimulations de la mémoire conservent de meilleures performances cérébrales que celles qui ne sont pas soumises à ces stimulations mnésiques.

Il est nécessaire de prévenir la cécité oculaire par le dépistage de la dégénérescence de la macula (zone de la rétine permettant la vision précise), de la cataracte (perte de la transparence du cristallin), du glaucome (hypertension oculaire entraînant une lésion du nerf optique). Ce sont des facteurs responsables de la cécité chez les personnes âgées.

Sur le plan biologique, il est nécessaire de vérifier les constantes sanguines classiques (concentration des différents constituants du sang). Il s’agit essentiellement du cholestérol, du sodium, du potassium, de la glycémie (taux de sucre dans le sang), du fer, etc…

Le dépistage des cancers, des maladies cardio-vasculaires, des maladies dégénératives du cerveau, des maladies dégénératives des os et des articulations, des troubles hormonaux, sont un atout majeur de vieillissement retardé.

Pour éviter la survenue des maladies liées à l’âge, il est nécessaire de reconnaître les facteurs de risque de ces maladies et dès le plus jeune âge savoir se protéger du stress, ne pas absorber des quantités importantes d’alcool ou de tabac, ne pas s’exposer excessivement soleil. L’hygiène buccale est particulièrement importante, l’état des dents et la surveillance de la pression artérielle également.

Pour les personnes plus jeunes, une activité physique régulière (au moins une heure une fois tous les deux jours), une alimentation équilibrée (ni trop riche ni trop pauvre), une activité cérébrale suffisante, une activité musculaire adaptée, une sédentarité diminuée sont les critères d’un «vieillissement confortable ».

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