Régime dans l’insuffisance rénale chronique

Définition

Définition

Le régime dans l'insuffisance rénale chronique a pour but d'apporter une ration énergétique suffisante mais ne doit pas contenir des aliments difficiles à épurer par le rein. Au cours de l'insuffisance rénale chronique, de façon générale la clairance à la créatinine doit toujours être supérieure à 20 ml par minute. Normalement, la créatinine doit être éliminée par les reins dans les urines. Dès que son taux augmente anormalement dans le sang, cela signifie que la fonction rénale (filtration des reins) n'est plus suffisante.

Généralités

Les quantités d'eau apportées par ce type de régime doivent être les mêmes que pour le régime dans l'insuffisance rénale aiguë c'est-à-dire que le volume de la diurèse autrement dit la quantité d'urine émise la veille par le malade plus les pertes sensibles et éventuellement les pertes anormales dues aux diarrhées, vomissements et aux fistules, ces quantités d'urine doivent être les mêmes que le volume d'eau donnée au patient.

L'apport en protides conseillé est de 1 g par kilogramme et par jour. Ceci tant que le rein joue sa fonction normale c'est-à-dire que la clairance à la créatinine reste supérieure à 20 ml par minute. Dès que la clairance à la créatinine descend au-dessous de 20 ml par minute, la dose de protéine doit être progressivement abaissée de 0,6 à 0,7 g par kilogrammes et par jour.
Les apports protéiniques doivent provenir des viandes animales pour deux tiers et pour un tiers de sources végétales.
Les protéines du lait, les oeufs et des viandes maigres sont conseillées.

À titre d'exemple voici une liste d'aliments d'origine animale. Nous indiquons la quantité de substance de chaque produit susceptible d'apporter 5 g de protéines.

  • 5 g de protéines pour 35 g de charcuterie
     
  • 5 g de protéines pour 50 g de fromage blanc
     
  • 5 g de protéines pour 50 g d'huître
     
  • 5 g de protéines pour 50 g de lait entier
     
  • 5 g de protéines pour 20 g de gruyère
     
  • 5 g de protéines pour 60 g de lait condensé
     
  • 5 g de protéines pour 15 g de lait en poudre
     
  • 5 g de protéines pour 25 g de volaille
     
  • 5 g de protéines pour 25 g de viande
     

Pour les équivalences en protéines d'origine végétale, nous indiquons la quantité de chaque produit d'origine animale apportant 5 g de protéines.

  • 5 g de protéines pour 70 g de pain blanc
     
  • 5 g de protéines 15 g de farine de soja
     
  • 5 g de protéines 20 g de pois secs
     
  • 5 g de protéines 50 g de farine
     
  • 5 g de protéines 20 g de lentilles
     
  • 5 g de protéines 20 g de haricots secs
     
  • 5 g de protéines 50 g de pâte crue
     
  • 5 g de protéines 150 g de pâte cuite
     
  • 5 g de protéines 65 g de riz cru
     
  • 5 g de protéines 200 g de riz cuit

En ce qui concerne les glucides et les lipides, 50 % doivent être fournis par les glucides et 40 % par les lipides. D'autre part, les lipides ne doivent pas contenir une grande quantité d'acides saturés en tenant compte du fait que le régime apporte 10 % de protéines.

Le sel de table (chlorure de sodium) est apporté en quantité normale à condition que le patient ne présente pas d’œdème. Le régime hyposodé c'est-à-dire pauvre en sel est appliqué quand le patient présente une rétention hydrosodée ou une élévation de la tension artérielle.
Le sel de table est apporté en quantité supérieure à la normale en cas d'insuffisance rénale chronique qui se complique d'une perte anormale de sodium comme cela survient au cours de la pyélonéphrite chronique, des néphropathies tubulointerstitielles ou des reins polykystiques.

En ce qui concerne le potassium, si la kaliémie (c'est-à-dire le taux de potassium dans le sang) n'est pas augmenté et si il n'y a pas d'insuffisance rénale (c'est-à-dire si la créatinine reste supérieure à 20 ml par minute) l'apport de potassium doit être normal.
L'apport de potassium est diminué, bien entendu, si le patient présente une hyperkaliémie c'est-à-dire un taux de potassium élevé dans le sang mais aussi en cas de clairance inférieure à 20 ml par minute, traduisant une insuffisance rénale. Dans ce cas il faut supprimer les aliments riches en potassium donc ceux qui apportent un millimolles de potassium pour 10 g d'aliments, voire moins.
Si le taux de potassium dans le sang du patient continu à être élevé, il faut alors restreindre les aliments légèrement riches en potassium autrement dit ceux qui apportent un millimolle pour une vingtaine de grammes de produit alimentaire.
Les légumes généralement assez riches en potassium doivent être bouillis et l'eau de cuisson jetée.
Certaines substances vendues dans le commerce sont relativement riches en potassium. Il s'agit avant tout des sels considéré sans sodium et de certains autres produits diététiques contenant du sel de potassium.
Les aliments susceptibles d'apporter du potassium en quantité importante sont le chocolat et les préparations à base de chocolat.
Si le patient a du mal à faire baisser son taux de potassium dans le sang (kaliémie) il est alors nécessaire d'utiliser des résines échangeuses d'ions c'est-à-dire des substances médicamenteuses ayant la capacité d'emprisonner le potassium au sein de l'organisme, et ceci en plus du régime. Les fruits secs sont également généralement riches en potassium.

En ce qui concerne le calcium les sources essentielles sont les laitages et les fruits secs ainsi que les légumes frais qui doivent être diminués voir supprimés si nécessaire. Dans ces conditions l'apport en calcium ne dépassera pas 500 à 600 mg à cause de la suppression des aliments riches en potassium. Pourtant l'adulte a besoin de 900 mg voir 1 g par jour. C'est la raison pour laquelle il faut rajouter du calcium à hauteur de 500 à 1000 mg et de la vitamine D tout particulièrement du calcitriol actif même si le parenchyme rénal est réduit.
Pour toutes ces raisons il est nécessaire de surveiller régulièrement la calcémie (taux de calcium dans le sang).
En ce qui concerne les vitamines qui, toujours en raison de la restriction de certains aliments, sont apportés en quantité insuffisante, il est nécessaire de procéder à une adjonction de préparation polivitaminées sans vitamine A ou faiblement dosée en vitamine A car il existe un risque de surdosage au cours de l'insuffisance rénale.

Le phosphore est également restreint, à l'instar du potassium, quand la clairance de la créatinine est inférieure à 20 ml par minute.
Le phosphore provient essentiellement des protéines (viande, laitages, poissons, céréales, etc.). Il est très dur de pratiquer un régime pauvre en phosphore apportant moins de 1 g de phosphore par jour dans ce type de régime adapté à une insuffisance rénale avancée.
Chez certains patients il est nécessaire d'adjoindre au régime de l'hydroxyde aluminium pur qui joue le rôle de créateur c'est-à-dire ayant la capacité d'emprisonner les phosphates. Mais il ne faut pas ajouter des sels de magnésium car le patient est alors soumis à un risque d'élévation du taux de potassium dans le sang (hypermagnésémie). Cette adjonction peut se faire sous forme de gel à raison de 30 ml par jour.

En cas d'hémodialyse et de transplantation rénale, le régime du patient hémodialysé n'est pas différent de celui du patient souffrant d'insuffisance rénale. Son rein fonctionne normalement et peut parfaitement s'accommoder d'un régime normal. Le transplanté rénal qui a également un rein qui fonctionne normalement, peut avoir régime normal aussi.
En cas de corticothérapie prolongée c'est-à-dire d'un traitement par cortisone sur une longue période le régime doit être pauvre en sodium et en glucides. Voir le régime pour le patient hémodialysé et au cours de la transplantation rénale.