Régime après un jeûne prolongé

Définition

Définition

Par définition, le jeûne est la privation de nourriture. Ceci peut avoir un grand nombre de conséquences. Les principales sont une perte de poids, des modifications de fonctionnement de l’organisme, des troubles digestifs, cardiovasculaires, respiratoires et de l’immunité.

Symptômes

Physiopathologie

Les répercussions du jeûne sur un organisme sont nombreuses et le plus souvent délétères.

C’est la perte de poids qui survient en premier. Celle-ci est rapide au début car l’organisme perd une grande quantité d’eau à travers les urines (pour les spécialistes : diurèse osmotique) et le fonctionnement (métabolisme) général du corps. Plus précisément, les urines se concentrent en potassium, sodium, magnésium, calcium et urée, ce qui accentue la perte hydrique (en eau).

Ensuite apparaissent une baisse du taux de sucre dans le sang et une diminution de la sécrétion de l’insuline associées à une augmentation du glucagon qui est une hormone habituellement utilisée  par l’organisme pour faire remonter le taux de sucre dans le sang.

Au bout d’une semaine de jeûne, on constate une perturbation de l’assimilation des sucres par l’organisme suivie, une semaine plus tard, d’une diminution de la concentration en protéines du sang.

En ce qui concerne le système digestif, celui-ci va se ralentir, surtout en ce qui concerne le transit intestinal (transport des aliments au sein des intestins). Si l’on procédait à une biopsie, c’est-à-dire à un prélèvement, des membranes tapissant l’intérieur des intestins, à ce moment-là, on constaterait une atrophie des villosités intestinales, c’est-à-dire une diminution de volume des structures anatomiques permettant d’absorber les aliments associée, en ce qui concerne le pancréas, à une diminution de son élasticité, plus précisément à une fibrose des tissus le composant.

Le système cardiovasculaire quant à lui, à un stade avancé, en cas jeûne très strict et surtout longtemps prolongé, présente des perturbations très intenses, notamment à l’approche du décès du patient. Ainsi on voit apparaître une chute de la tension artérielle, une bradycardie (diminution du rythme cardiaque), une atrophie du coeur (diminution du volume des cavités cardiaques) et, en ce qui concerne son fonctionnement électrophysiologique, un bas voltage de l’électrocardiogramme et pour les spécialistes cardiologie, un allongement de l’intervalle Q-T.

Le système respiratoire, à l’instar du système cardio-vasculaire, à un stade avancé, montre également des perturbations en ce qui concerne la respiration avec une disparition du réflexe d’hyperventilation au moment où survient l’hypoxie, c’est-à-dire la diminution de l’oxygénation des tissus. L’hypoxémie (insuffisance d’oxygénation du sang) est d’ailleurs également présente.

Le système immunitaire est également gravement perturbé. On constate une diminution de l’immunité faisant intervenir les cellules. Ainsi, si on pratique un test à la tuberculine, qui était auparavant positif, chez un individu faisant un jeûne, celui-ci devient négatif. Ce test traduit bien les perturbations qui interviennent en ce qui concerne les défenses de l’organisme. D’autre part, le patient soumis à un jeune prolongé et intense présente une certaine tendance, beaucoup plus fréquemment qu’un autre individu normalement nourri, à faire des infection parfois graves.

Examen médical

Technique

Pour un individu particulièrement dénutri (grand dénutri), l’alimentation des trois premiers jours va consister à administrer 1500 à 2000 ml de lait écrémé  (à condition qu’il n’y ait pas d’intolérance digestive) avec 50 g de sucre et des vitamines comportant de l’acide ascorbique, à hauteur de 100 mg, de l’acide nicotinique dont la quantité sera comprise entre 10 et 50 mg et de la riboflavine à hauteur de 5 mg.

Il s’agit d’un régime qui apporte environ 1000 kcal et qui sera augmenté progressivement de 200 kcal par jour afin d’arriver environ à 2000 kcal par jour au bout d’une semaine.

Par la suite, il est possible de réintroduire une alimentation presque normale comportant des oeufs, du pain, des potages (à base de farineux) et des protéines jusqu’à 150 g par jour.

Si l’on constate que le patient présente une hypophosphorémie modérée ou plus intense, il est nécessaire, par intraveineuse, d’apporter du phosphore.

Traitement

Traitement

Un individu soumis à un jeûne doit être réalimenté avec beaucoup de précautions.

La réalimentation par voie orale, c’est-à-dire par la bouche, se fera prudemment et progressivement. En effet, une alimentation trop abondante est susceptible d’entraîner l’apparition de diarrhées ce qui aboutit à une hypovolémie pouvant être mortelle. L’hypovolémie se caractérise par une diminution de la quantité globale du sang circulant.

Il sera nécessaire, après un jeune intense, d’administrer des protéines.  Ceci ne peut pas se faire sans prendre, au préalable, quelques précautions. En effet, l’administration de protéines à un individu affamé exige proportionnellement un apport de potassium. Pour les spécialistes : cinq millimoles de potassium sont fixés par gramme d’azote utilisé pour l’anabolisme de l’organisme. Autrement dit, à chaque fois que l’on apporte des protéines à un individu, il est nécessaire de lui apporter du potassium pour des raisons biochimiques, c’est-à-dire de bon fonctionnement au sein de l’organisme, afin que les protéines soient convenablement assimilées. Si l’on  n’apporte pas le potassium nécessaire parallèlement aux protéines, on risque de créer ce qu’on appelle une hypokaliémie grave, c’est-à-dire une chute du taux de potassium dans le sang et donc des répercussions ayant pour conséquence des troubles du fonctionnement du coeur.

Chez certains patients, il est impossible d’administrer des calories (comprendre des aliments) en quantité suffisante à cause de l’intolérance du système digestif qui ne l’oublions pas, durant le jeûne s’est totalement modifié en particulier au niveau du tube digestif et plus précisément de l’intestin où les microvillosités, habituellement utilisées par l’organisme pour absorber les micronutriments, ont diminué de volume, voire sont absentes. Ainsi, à cause de l’intolérance du système digestif ou de l’état de conscience de l’affamé, il est nécessaire d’utiliser une alimentation parentérale, c’est-à-dire par perfusion.

Les substances utilisées pour procéder à la renutrition d’un individu ayant subi un jeune prolongé et intense, font appel, selon l’OMS, à un protocole qui utilise un mélange constitué de lait écrémé associé à de l’huile et du sucre avec une quantité plus ou moins importante de protéines selon la dénutrition de l’individu. Si le patient présente des oedèmes, les mélanges sont identiques.

Enfin, il est nécessaire de procéder à l’adjonction de vitamines et de minéraux ainsi que d’oligo-éléments.

En ce qui concerne, l’enfant la renutrition doit se faire en milieu hospitalier.

Évolution

Complications

Certains effets indésirables sont susceptibles de survenir au cours de la renutrition.

C’est avant tout la chute du taux de phosphore dans le sang (hypophosphorémie) qui risque d’apparaître.

D’autres perturbations hydrosodées et de nature électrolytique peuvent également survenir.

Les autres effets indésirables sont les carences en vitamines.

Le syndrome de renutrition inappropriée (en anglais Refeeding Syndrome) regroupe l’ensemble des troubles susceptibles de venir compliquer la renutrition quand celle-ci est mal effectuée. Ce syndrome comporte, en dehors des perturbations hydroélectrolytiques (concernant l’ionogramme), des perturbations de fonctionnement du système neurologique, périphérique ou central.

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