Papillomavirus humain

Définition

Définition

Le papillomavirus est un virus touchant la peau et les muqueuses, ou les deux à la fois. Cette infection se traduit par la production de verrues et de tumeurs malignes ou bénignes.

Parfois la présence de papillomavirus dans l'organisme ne se traduit par aucun signe.

Généralités

C'est un virus contenant de l'ADN bicaténaire (possédant deux chaînes, ou si l'on préfère 2 brins), d'environ 7900 paires de bases, appartenant à la famille des Papovaviridae.

Il mesure 45 à 55 nanomètres, et possède une capside qui se présente sous une forme cubique, et comporte 72 capsomères.

Les bases disposées le long de chaque chaîne d'ADN sont en quelque sorte les moules à partir desquels les ordres permettent l'assemblage des protéines de l'organisme.

L'organisation du gène du papillomavirus est semblable et consiste en :

  • une région précoce (E)
     
  • une région tardive (L)
     
  • une région de contrôle longue (LCF)

Les capsides sont habituellement composées de capsomères (72 pour le papillomavirus) identiques et composées de protéines assemblées à l'intérieur de la capside. Certains virus possèdent une enveloppe externe qui dérive des membranes de la cellule qui a été infectée par ce virus. Généralement, les virus qui sont enveloppés sont sensibles aux solvants et aux détergents, permettant de rompre leur enveloppe, alors que les virus constitués uniquement d'une nucléocapside sont généralement plus résistants.

La période d'incubation des infections par un papillomavirus humain est généralement de 3 à 4 mois mais peut aller de 1 mois à 2 ans (l'incubation est la période silencieuse correspondant au développement dans l'organisme de germes, à l'origine d'une maladie qui ne se manifeste pas encore par des symptômes). Cette période se situe entre la contamination (contact avec le germe : contagion) et l'apparition des premiers symptômes de cette maladie (invasion).

Toutes les variétés d'épithélium sont susceptibles d'être infectées par ce virus. Dans ce cas, l'aspect des cellules et des tissus infectés va dépendre de l'organe atteint.

Un épithélium est un ensemble de cellules (tissu) recouvrant la surface externe, et les cavités internes, de l'organisme :

  • vers l'extérieur, il s'agit de la peau et des muqueuses (couche de cellules recouvrant l'intérieur des organes creux) des orifices naturels
     
  • vers l'intérieur, ce sont les cavités du cœur et du tube digestif.

 L'épithélium constitue également les glandes.

Ensuite, les virions se multiplient à l'intérieur du noyau de la cellule et sont assemblés, puis libérés, dans les kératinocytes (cellules superficielles de la peau contenant de la kératine, variété de protéines) qui sont desquamés. La desquamation ou exfoliation, à l'image de la chute des parties mortes de l'écorce d'un arbre, désigne la destruction des couches superficielles de l'épiderme (couche superficielle de la peau située au-dessus du derme).

Quand on examine un épithélium normal, celui-ci peut contenir de l'ADN de papillomavirus humain, et cette ADN est quelquefois associé à une récurrence (répétition, retour) de la maladie.

Quand il s'agit de lésions cancéreuses, l'ADN de papillomavirus n'est pas le même que celui du virus à son origine. Dans ce cas, il est intégré et a subi une transformation de telle sorte qu'il existe une interrelation entre les protéines des cellules que l'on nomme suppressives des tumeurs.

Le mécanisme de défense d'un individu qui subit une infection par ce virus n'est pas totalement compris.

Il semble que des premières barrières de défense à se mettre en place localement. On a constaté chez certains individus l'arrivée d'une variété de globules blancs, les lymphomonocytes de l'épiderme, pendant la guérison des verrues dues à papillomavirus.

Se mettent en place ensuite des anticorps dans le sérum sanguin, dirigés contre la capside du virus. Ces anticorps ont été mis en évidence chez des patients présentant des verrues de l'anus, de l'appareil génital, de la peau et de l'appareil respiratoire. Ils seraient, du moins chez l'animal, du type neutralisant, et pourraient jouer un rôle dans la protection contre les infections à papillomavirus.

MALADIES DUES AU PAPILLOMAVIRUS

(liste non exhaustive) :

  • verrues sur les mains donnant des papules de couleur brune
     
  • verrues plantaires souvent très douloureuses : à l'examen leur surface révèle de petits vaisseaux sanguins coagulés
     
  • verrues planes (verrucae plana) fréquentes chez l'enfant et touchant le visage, le cou, la poitrine et les zones de flexion des avant-bras et des jambes
     
  • l'anus et les organes génitaux sont le siège de condylomes (petites tumeurs cutanées) ano-génitaux encore appelés condylomes vénériens. Les végétations de l'anus et de l'appareil génital sont transmises sexuellement et ont une période d'incubation allant de 1 à 6 mois
     
  • chez l'homme, les condylomes sont le plus souvent localisés sur le frein, et le sillon balanopréputial. Ces lésions ne doivent pas être confondues avec les condylomes de la syphilis, les molluscums contagiosum, le papillome hirsutoïde (papule perlée du pénis), le nævus tubéreux et sénile
     
  • chez la femme, les condylomes apparaissent d'abord au niveau de la partie adjacente des lèvres puis s'étendent ensuite aux autres parties de la vulve. On les retrouve souvent au niveau du col et du vagin. Ces lésions existent malgré l'absence de verrues externes.
     
  • les patients infectés par le virus du sida présentent des manifestations cliniques plus sévères et ont un risque accru de développer des tumeurs malignes sur le col de l'utérus et au niveau de l'anus.
     
  • il existe une forme rare de tumeur maligne secondaire à une infection à papillomavirus, surtout quand il y a eu exposition au soleil. Ces lésions ressemblent à des verrues planes analogues à celle du Pytiriasis versicolor.
     
  • le papillome de l'appareil respiratoire survenant chez l'enfant présente quelquefois une évolution fatale, après un épisode de stridor et une détresse respiratoire. Quand cette maladie survient chez l'adulte, elle est le plus souvent bénigne. Le stridor est le son aigu émis par un individu à l'inspiration (quand l'air rentre dans les poumons), comme dans la laryngite striduleuse.
     
  • l'épidermodysplasie verruciforme est une maladie rarement rencontrée et dont la transmission se fait suivant le mode autosomique récessif (il est nécessaire que les deux parents transmettent l'anomalie génétique pour que l'enfant présente la pathologie). Cette maladie se caractérise par une impossibilité de la part du patient à contrôler l'infection par le papillomavirus humain. Généralement, les patients atteints sont affectés par un type de papillomavirus humain inhabituel et voient se développer fréquemment des tumeurs malignes à partir des cellules de Malpighi (variété de cellules de la peau), et tout particulièrement dans certaines zones exposées au soleil. Ces lésions ressemblent à des verrues planes et à des macules (ressemblant à celle du pityriasis versicolor). Les macules sont des lésions de la peau consistant en une tache le plus souvent rouge (mais pas dans tous les cas) dont la dimension peut varier.

DIAGNOSTIC – ANALYSES DE LABORATOIRE

Mise en évidence grâce au microscope des anomalies des cellules obtenues après prélèvement sur les verrues ou les condylomes.

Grâce à l'utilisation d'une technique telle que la PCR (Polymerase chain reaction), ou à des techniques de capture hybride, il est possible de détecter l'acide nucléique (ADN) du papillomavirus humain, et d'identifier spécifiquement les types de virus.

La colposcopie est le meilleur examen pour le diagnostic des lésions du vagin et du col de l'utérus.

COMPLICATIONS

Les complications susceptibles de survenir sur les verrues sont des saignements, et plus rarement des surinfections par des bactéries ou des champignons.

Dans certains cas, la taille des verrues au niveau de l'appareil génital est susceptible de créer une obstruction.

Il existe une corrélation étroite entre la survenue de cancer du col de l'utérus et la présence de papillomavirus. En effet, des morceaux d'acide nucléique, c'est-à-dire de fragments d'ADN, ont été retrouvés dans les frottis de col utérin effectués sur des femmes infectées par le papillomavirus.

TRAITEMENT

Un grand nombre de lésions secondaires aux papillomavirus humains se résolvent spontanément.

Le traitement comprend :

  • la cryochirurgie c'est-à-dire l'utilisation du froid
     
  • l'utilisation d'agents caustiques
     
  • l'ablation chirurgicale
     
  • le laser
     
  • l'électrodessication

Certaines équipes médicales utilisent l'application locale de  podophylline (podophylox).

En ce qui concerne les papillomes respiratoires et les condylomes, des préparations à base d'interféron ont également été utilisées avec un succès mitigé. L'application locale d'un médicament appelé inducteur d'interféron (imiquimod) semble apporter un résultat bénéfique dans le traitement des condylomes acuminés.

PRÉVENTION

Aucune méthode efficace de prévention n'est disponible vis-à-vis des infections à papillomavirus;​

Il faut éviter tout contact avec des lésions infectieuses, les méthodes contraceptives protectrices (préservatifs) peuvent être utiles pour prévenir la transmission de condylomes acuminés et d'autres maladies du tractus génital.