Mémoire (définition)

Définition

Définition

La mémoire est une fonction qui permet de conserver et de faire revenir à l'esprit, à la conscience, une connaissance, une trace d'un savoir, une expérience acquise antérieurement.

Historique

Dès la fin du XIXème siècle, des chercheurs (Ribot (1881) et William James (1890) spécialisés en biochimie ont tenté de déterminer en laboratoire qu'elles étaient les supports de la mémoire. Depuis, la méthode biologique s'est affinée et a permis de mettre en évidence un polypeptide (protéine) qui, une fois injecté d'un animal à un autre, permet la transmission de la mémoire. Ce polypeptide est modifié par le passage de l'influx nerveux (stimulus nerveux) qui exerce une dérépression.
Autrement dit, ces protéines seraient en quelque sorte élaborées à la manière d'une bande magnétique de magnétophone. Elles fonctionneraient suivant un code moléculaire enregistrant les informations venues de l'extérieur. La mémorisation, c'est-à-dire la préservation du message enregistré dans la mémoire, serait le résultat de la synthèse d'autres protéines possédant le même " moule " ou le motif de la protéine qui est codée.

Classification

Les informations sensorielles (provenant des sens comme la perception des images provenant des yeux, la perception des sons, la perception des odeurs, etc.) se trouvent à l'intérieur du cerveau sous la forme de traces ce qui caractérise ce qu'on appelle la mémoire sensorielle visuelle appelée également mémoire iconique, auditive (ou échoïque) et olfactive etc..

1) La mémoire à court terme
Elle est appelée également mémoire immédiate, mémoire primaire. Il s'agit d'une mémoire se caractérisant par une capacité limitée et qui englobe l'analyse de l'information sensorielle au niveau de certaines zones du cerveau que l'on appelle des aires cérébrales spécifiques comme par exemple les aires visuelles et les aires auditives. La mémoire à court terme ou mémoire immédiate peut être reproduite immédiatement durant un temps très bref, variable d'une minute à deux minutes. Les spécialistes en neurologie et en neuropsychologie donne à cette «duplication sur le champ» c'est-à-dire à ce mécanisme immédiat de mémorisation le terme d'empan.

L'empan auditif correspond à un nombre restreint d'éléments mémorisés concernant les chiffres. Celle-ci est également appelée empan auditif numéral ou digital qu'il est possible d'explorer chez un patient en lui faisant passer des tests de mémoire de chiffre de la WAIS.
Un autre type de test peut également être tenté chez un patient en ce qui concerne l'empan auditif, en utilisant une liste de mots, on parle alors dans ce cas d'empan verbal. L'empan auditif chez un individu ne présentant pas de troubles de la mémoire est de sept plus ou moins 2 lettres chiffrent ou mots à se souvenir.

L'empan visuel permet de mesurer la rétention et la restitution immédiate d'informations visuelles. Par exemple on dispose un certain nombre d'objets sur une table ou bien de carré de couleur que l'on mélange et que l'on redemande au patient de repositionner en ordre comme ils étaient au préalable (subtest de mémoire visuelle de l'échelle clinique de mémoire de Wechsler). Il s'agit d'une mémoire immédiate qui est intacte dans les syndromes amnésiques mais qui est modifiée par exemple en cas de défaut de concentration à la suite d'un bruit ou pour diverses raisons, à cause d'un bouleversement du fonctionnement cérébral immédiat mais non durable.

Le paradigme de Brown et Peterson permet de tester la mémoire à court terme. Le test se conduit de la façon suivante. Un individu soumis à ce test doit se rappeler dans un délai, le plus bref c'est-à-dire jusqu'à environ une vingtaine de secondes des trigrammes. Un trigramme est une série de trois éléments que ce soient des lettres ou des mots. Dès que le trigramme est présenté à une personne, et dans le délai qui sépare la présentation du rappel, il est demandé à cette personne de compter à rebours à partir d'un nombre donné. Par exemple si on dit à quelqu'un YWT 155 le sujet doit commencer à compter à partir du chiffre de 155, à rebours, de la façon suivante : 155-154-153-152-151, au bout d'une durée de temps précise au terme de laquelle l'examinateur lui demande de se rappeler le trigramme en l'occurrence YWT. Il constate alors que l'oubli survient assez rapidement, voire très rapidement.
Plus on laisse défiler les chiffres à rebours c'est-à-dire par exemple 155-154-153-152-151-150-149-148-147-146-145-144-143-142-141-140-139-138-137-136-135-134, plus le patient aura des difficultés a se souvenir des trois premières lettres citées juste avant cette litanie de chiffre c'est-à-dire Y. W. T. autrement dit plus la quantité de chiffre est élevée plus le patient présente des difficultés à se souvenir dees trois premières lettres que l'on a annoncé avant la liste de chiffres.

2) La mémoire à long terme

La mémoire à long terme comporte tout d'abord une mémoire que l'on appelle secondaire c'est-à-dire une mémoire qui va permettre de conserver de façon durable des informations en utilisant un codage. Ensuite apparaît un phénomène de stockage qui s'organise à l'intérieur d'un canevas faisant intervenir la sémantique (étude du langage du point de vue du sens), l'organisation spatiale, organisation temporelle et affective. Il s'agit d'une mémoire qui va permettre d'apprendre et d'engranger des informations à travers une consolidation variable en fonction de l'importance de la tonalité émotionnelle et de la répétition des informations.
En physiologie, plus précisément en neurophysiologie cette mémoire fait intervenir un circuit anatomique que l'on appelle le circuit de Papez. Ce circuit avant d'être décrit comme étant le support de la mémoire était décrit comme le support de la régulation des émotions. Ce circuit fait intervenir différentes zones du cerveau en particulier l'hippocampe, le fornix, les corps mamillaires, les noyaux antérieurs du thalamus et le gyrus cingulaire (Voir la vidéo en 3D sur la maladie d'Alzheimer).

Anatomie

Les localisations de la mémoire dans le cerveau intéressent plusieurs zones dont :

Les tissus nerveux réunissant les zones précédemment citées.

On distingue classiquement la mémoire à court terme (allant de une à quelques minutes) et la mémoire à long terme. L'investigation de la mémoire à court terme s'effectue en demandant au patient de répéter 2 séries de mots quelques minutes après les avoir énoncés. Quand on désire étudier la mémoire à long terme, on lui demande des renseignements anciens sur sa vie. Voir mémoire immédiate, mémoire de travail et mémoire à long terme.

Symptômes

Symptômes

Il est classique d'opposer l'amnésie antérograde à l'amnésie rétrograde.

1) L'amnésie antérograde désigne la capacité ou les difficultés à mémoriser des événements nouveaux. Autrement dit il s'agit d'un oubli à mesure dont le début correspond au début de la pathologie ou de l'accident.
L'amnésie antérograde altère au final les possibilités d'apprentissage et la mise en mémoire des événements de la vie au quotidien. Ceci est susceptible de désorganiser également le temps et l'espace.

2) L'amnésie rétrograde concerne les événements qui sont survenus avant le début de l'affection subie par le patient ou d'un éventuel traumatisme. D'autre part les événements les plus anciens sont les mieux mémorisés en ce qui concerne l'amnésie rétrograde. La durée de l'amnésie rétrograde peut durer de quelques jours à quelques années.
Les tests pour mettre en évidence une amnésie rétrograde sont les suivants. Il est posé au patient des questions concernant les événements datés de la vie familiale et de la vie sociale (date de l'élection présidentielle, nom du président etc.). En cas d'évolution de la maladie vers la guérison l'amnésie rétrograde régresse des souvenirs les plus anciens vers les souvenirs les plus récents. À l'opposé et en cas d'aggravation, c'est par exemple ce qui survient au cours de la démence d'Alzheimer, l'amnésie rétrograde va s'étendre et va concerner des événements du passé de plus en plus anciens.

Physiologie

Le glutamate a pour fonction essentielle la communication des neurones et la modification de la connectivité neuronale. Autrement dit le glutamate a une fonction de communication neuronale et une fonction de modification de la connectivité des neurones ce qui permet l'apprentissage et la mémoire.

Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur à l'intérieur du cerveau. Un neurotransmetteur est une substance permettant de transmettre l'influx nerveux d'un neurone (présynaptique) à un autre neurone (postsynaptique).
Le glutamate est synthétisé à l'intérieur de l'organisme à partir de l'alpha-kétoglutarate (pour les spécialistes un composant du cycle acide carboxylique de Krebs). Il est ensuite catabolisé (détruit) par le système inverse et par une autre voie (décarboxylation) ce qui aboutit à la formation d'acide gamma aminobutyrique (GABA). L'action du glutamate cesse quand il est récupéré à l'intérieur de la synapse par l'intermédiaire d'un système spécifique de recapture, par transporteur (mode actif), et par simple diffusion (mode passif).

Le glutamate est utilisé par la presque totalité des neurones du cortex du cerveau dont les projections se font soit vers d'autres zones du cortex lui-même soit à l'intérieur du cerveau, entre deux hémisphères cérébraux par exemple. C'est ainsi que l'ensemble des neurones corticaux envoie des projections vers:

  • Des neurones du cortex lui-même.
  • Des neurones du cortex mais de l'autre hémisphère cérébrale.
  • Des neurones du tronc cérébral, il s'agit des projections cortico-bulbaire.
  • Des neurones de la moelle épinière (projections cortico spinales).
  • Etc.

La communication entre les neurones fait intervenir un phénomène neurophysiologique électrique, il s'agit des canaux sodium ligand-dépendants. Autrement dit quand le glutamate est libéré à l'intérieur des terminaisons synaptiques il se fixe aux récepteurs qui permetent de contrôler les canaux sodium ligand-dépendants. Ces canaux (AMPA et les récepteurs kaïniques) autorisent l'ouverture d'un canal protéique qui se situe entre les deux membranes ce qui permet au sodium d'entrer. Une fois que le sodium a pénétré, il dépolarise la membrane postsynaptique (la membrane du neurone suivant). À condition qu'une quantité suffisante de glutamate soit libérée à partir de la terminaison de l'axone, on constate alors la survenue d'une dépolarisation qui normalement est suffisante pour entraîner une décharge du neurone postsynaptique produisant à ce que l'on appelle un potentiel d'action, une stimulation ou une excitation susceptible d'engendrer un influx nerveux dans le neurone postsynaptique.
La qualité de la réponse du potentiel postsynaptique (donc de la libération de glutamate) va dépendre du nombre de canaux sodium glutamate dépendants sur la membrane. Quand le nombre de récepteurs est suffisant la décharge des neurones présynaptiques est facile, déclenchant dans ce cas un potentiel d'action dans le neurone postsynaptique.
Plus le nombre de récepteurs situés dans le neurone postsynaptique est élevé plus la puissance de la connexion entre les neurones est élevée. Il s'agit d'un moyen de stockage d'informations par le cerveau. Autrement dit plus la mémoire est puissante plus le cerveau dispose de stocks d'informations c'est-à-dire plus la puissance de connexion fournit de cette manière est importante.
La preuve de ce processus a été apportée de la façon suivante. Des patients ayant absorbé des inhibiteurs puissants des ramnésieécepteurs NMDA ont vu leur mémoire perturbée gravement ainsi que l'apprentissage de celle-ci.

Physiopathologie

Les maladies de la mémoire sont les amnésies. Elles ne doivent pas être confondues avec les agnosies, qui sont des incapacités de reconnaître un objet alors que celui-ci est correctement perçu par le patient.

On distingue les amnésies antérogrades qui concernent les faits survenant après, des amnésies rétrogrades qui concernent les faits survenant avant le début des troubles. Autrement dit un accident de la circulation avec un choc sur le crâne est quelquefois à l'origine d'une amnésie rétrograde, car le patient a oublié ce qui s'est passé pendant les minutes qui ont précédé le traumatisme crânien. Cette amnésies porte sur les heures, parfois même les jours, mêmes les mois ou les années qui ont précédé l'accident.

Les apraxies sont des oublis de comportements moteurs, c'est-à-dire des difficultés à effectuer des gestes concrets (comme la manipulation d'objets entre autres), due à une lésion du système nerveux secondaire à une atteinte des lobes pariétaux (situés au-dessus du cerveau). Ces lésions sont dues à un traumatisme, à une infection, à une atteinte tumorale (une tumeur) ou vasculaire (lésion des vaisseaux).

L'ecmnésie se caractérise par une résurgence importante du passé.

Les causes des troubles de mémoire, qui peuvent être transitoires (passagers) ou durables sont (liste non exhaustive) :

1) en ce qui concerne les amnésies transitoires

  • Une prise prolongée de médicaments agissant sur le système nerveux (psychotropes) c'est-à-dire essentiellement les somnifères, tranquillisants, etc..
  • Une fatigue passagère ou durable.
  • Une dépression.
  • Des crises convulsives.
  • Des problèmes métaboliques (mauvais fonctionnement général de l'organisme) secondaires entre autres à un dérèglement hormonal, tel qu'une hypoglycémie (baisse du taux de sucre dans le sang).

2) en ce qui concerne les amnésies prolongées :

  • Une démence sénile telle qu'une maladie d'Alzheimer.
  • Un accident vasculaire cérébral.
  • Une encéphalite (inflammation des tissus contenus dans le crâne) d'origine virale ou bactérienne
  • Des carences en vitamines (Vitamine B1) comme dans le syndrome de Korsakoff (appelé également psycho-polynévrite alcoolique). Outre l'amnésie, ce syndrome se caractérise par une fabulation (Fait de présenter comme une réalité vécue ce qui est purement imaginaire). et chez les alcooliques par une polynévrite (inflammation des tissus nerveux).
  • Une encéphalopathie de Gayet Wernick se caractérisant par des troubles neurologiques et psychologiques dus à des lésions des vaisseaux et des cellules nerveuses, et nécessitant un traitement par vitamine B1 à forte dose, faute de quoi son évolution est mortelle.
  • Un traumatisme crânien grave.
  • Les thromboses et les embolies (formation d'un caillot empêchant la circulation normale dans les vaisseaux) au niveau des artères du cerveau et plus particulièrement dans sa partie postérieure (arrière). Voir également embolie cérébrale calcique.
  • Certaines dépressions ou névroses graves. Dans certaines hystéries s'accompagnant d'un délire et dans l'épilepsie, le malade présente une ecmnésie (voir ci-dessus) et une hypermnésie, c'est-à-dire une hypertrophie, un développement important de la mémoire.
  • Dans l'arriération mentale et dans certaines manies (syndrome mental se caractérisant par des troubles de l'humeur tels qu'une excitation psychomotrice, une instabilité, ou des troubles de l'attention dont l'évolution est cyclique).
  •  La fibromyalgie est au centre d'une polémique en ce qui concerne la physiopathologie de la mémoire c'est-à-dire son mécanisme. En effet, cette maladie qui se caractérise entre autres par des troubles de la mémoire associées à des problèmes de concentration mais avant tout à la survenue de douleurs généralisées dans l'ensemble de l'organisme plus précisément au niveau musculaire, tendineux et osseux, et une fatigue, est considérée par certains médecins et spécialistes en neurologie comme une variété de névroses. Pour d'autres médecins il s'agirait d'une véritable maladie avec dégénérescence ou en tout cas dysrégulation c'est-à-dire mauvais fonctionnement des noyaux gris centraux, en particulier le thalamus et le noyau caudé. Ces lésions expliqueraient les troubles mnésiques présentés par les patients fibromyalgies.

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