Lambliase

Définition

Définition

La lambliase est une affection due à une infection par un protozoaire, Giardia lamblia, qui parasite l'intestin grêle.

Cette maladie entraîne des troubles digestifs, qui s'installent quelquefois de façon chronique.

Généralités

Les protozoaires sont des animaux unicellulaires (constitués d'une seule cellule), qui comprennent :

  • Les flagellés.
  • Les rhizopodes.
  • Les sporozoaires.
  • Les infusoires.

Historique

Cette affection a été étudiée pour la première fois par le français Alfred Giard (né en 1846 – mort en 1908).

Symptômes

Symptômes

La période d'incubation varie de 5-6 jours à 1-3 semaines. L'incubation est la période silencieuse correspondant au développement dans l'organisme de germes à l'origine d'une maladie qui ne manifeste pas encore par des symptômes. Cette période se situe entre la contamination (contact avec le germe : contagion), et l'apparition des premiers symptômes de cette maladie (invasion). A la fin de cette période, apparaissent les signes suivants qui durent environ une semaine :

  • Les diarrhées dépassent dans quelques cas une dizaine de jours et persistent quelquefois plus longtemps.
  • Une douleur abdominale.
  • Des ballonnements.
  • Des éructations (renvois).
  • Des nausées voire des vomissements.

Il existe des patients présentant une giardiase chronique qui se caractérise par une flatulence qui va en augmentant, des selles molles, des éructations, et une diarrhée, qui n'est pas forcément importante. Une perte de poids peut survenir chez certains d'entre eux.

Certains patients ne présentent que quelques signes précédemment décrits, et sur un mode mineur.

Physiologie

Les protozooses sont les maladies causées par les protozoaires. Les protozoaires sont appelés également parasites unicellulaires, et possèdent une extension du cytoplasme (liquide principal de la cellule dans lequel baignent le noyau et les éléments constituant cette cellule), capable de constituer ce que l'on appelle des pseudopodes (ressemblant à des pieds) pour se déplacer.

Physiopathologie

La giardiase n'est pas une maladie fréquente, on la trouve uniquement dans les pays sous-développés. En effet, en raison du grand nombre de kystes qui sont excrétés, il existe une susceptibilité de contaminer à la fois le milieu extérieur, et l'entourage du malade. Cette parasitose est fréquente également dans les pays développés. On retrouve ce parasite dans la nature, sous la forme d'une coque (kyste) dans l'eau, sur le sol, ou dans les aliments. Il se transmet par l'intermédiaire des mains sales d'individu à individu, et tout particulièrement dans certaines institutions, dont l'hygiène est défectueuse. La contamination interhumaine se fait tout particulièrement dans les collectivités (hôpitaux, crèche), et également chez les homosexuels. On a remarqué chez les campeurs ou les voyageurs, des infections épisodiques liées à la consommation d'eau souillée. La consommation d'eau dans les grandes villes, explique également certaines épidémies massives. Enfin, toujours à cause de l'eau, celle des ruisseaux de montagne, on constate une contamination par des kystes de Giardia contenus dans les selles. Dans certains cas, les eaux d'égout, elles-mêmes contaminées, peuvent être à l'origine, par simple infiltration à travers des canalisations perméables ou anciennes, de contamination de l'eau potable d'une ville. Tous ces exemples s'expliquent par la faible quantité de kystes, qui sont suffisants pour entraîner une infection. D'autre part, il existe une résistance aux moyens mis en oeuvre pour les détruire (chlore, ébullition, filtration de l'eau).

L'infection d'un individu se fait de la façon suivante : après ingestion des kystes, qui sont très résistants dans la nature, on assiste à un désenkystement (rupture des kystes) dans l'intestin grêle, ce qui a pour résultat de libérer des trophozoïtes, qui vont se multiplier par division, parfois en très grand nombre. Le trophozoïte est la forme dite active et mobile d'un protozoaire, en dehors de sa forme kystique, c'est-à-dire apparaissant sous la forme d'une coque.

Contrairement à d'autres protozoaires, Giardia est un agent qui se localise uniquement aux intestins, et ne passe pas dans le sang. Les trophozoïtes apparaissent dans l'intestin, soit sous forme libre, soit attachés à la muqueuse (couche de cellules qui recouvrent l'intérieur de l'intestin) par l'intermédiaire d'un disque ventral qui lui permet de rester attaché à cette muqueuse par un phénomène de succion. Dans certaines conditions, qui ne sont pas particulièrement favorables au trophozoïte, c'est le cas entre autres d'une modification du pH (plus acide ou plus basique), ou d'une concentration différente en sels biliaires (constituants de la bile), il se transforme en kyste que l'on retrouve dans les excréments. C'est à ce moment-là, que la transmission entre les individus se fait, et que le kyste arrive à survivre à l'extérieur muni de sa coque de protection. Ce n'est que la chaleur, une atmosphère sèche, ou encore un séjour prolongé dans les selles, qui peuvent éventuellement venir à bout de la résistance, sinon il reste viable pendant plusieurs mois dans l'eau froide. Le nombre de kystes pouvant être excrétés par un individu est variable, mais il peut aller jusqu'à 10 000 000 pour un gramme de selles. Pourtant, il n'est pas nécessaire qu'un grand nombre de protozoaires soit présents pour contaminer un individu. En effet, une dizaine de kystes est suffisante pour entraîner une infection humaine. On peut s'en douter, plus les conditions hygiéniques sont défectueuses, et tout particulièrement l'hygiène fécale, plus les kystes sont infectants, et ceci d'autant plus qu'ils le sont immédiatement, ou très peu de temps après leur émission. La forme végétative est susceptible de sécréter une coque, et de se transformer en kyste.

Tous les individus infectés par le protozoaire de la lamblia, ne réagissent pas de la même manière. Seuls quelques-uns d'entre eux, présentent des symptômes. Au niveau de l'intestin, malgré l'adhésion par succion du protozoaire contre la paroi intestinale, il n'existe pas d'altération susceptible de détruire cette paroi.
Les giardiases sont le plus souvent mises en cause dans la survenue de gastro-entérite. Les infections par giardia sont mal connues, et peuvent revêtir différentes formes :

  • Récurrentes (répétitives).
  • Transitoires.
  • Spontanément résolutives ou chroniques.

L'infection par ce parasite, n'entraîne pas d'immunité durable. Par contre, les individus atteints d'hypogammaglobulinémie (diminution du nombre d'anticorps dans le sang), présentent des infections prolongées, quelquefois sévères, et de plus répondant mal au traitement utilisé. A la surface des trophozoïtes se trouvent des protéines susceptibles de se modifier, entraînant alors une résistance, et une combativité toute spécifique contre les anticorps de certains patients, expliquant ainsi la persistance et la répétition des infections chez certains d'entre eux.

Épidémiologie

La giardiase est une parasitose très largement répandue dans le monde, à l'origine d'une infection intestinale à la fois épidémique et endémique.

  • Une endémie est la persistance dans une région d'une maladie en particulier frappant une grande partie de la population. L'endémie peut régner de façon constante dans cette région, ou bien y revenir à des époques précises.
  • Une épidémie est le développement et la diffusion rapide d'une maladie contagieuse, le plus souvent d'origine infectieuse (mais pas toujours), atteignant simultanément (en même temps) un grand nombre d'individus répartis dans une région plus ou moins étendue (exemple de l'épidémie de choléra). Une épidémie peut s'étendre dans un pays tout entier, mais peut également rester localisée à une région. Quand elle gagne l'ensemble du globe terrestre, on parle de pandémie.

                                                                                  

 

Examen médical

Labo

Les analyses permettent d'identifier les kystes dans les selles, ou dans l'intestin grêle.
Les kystes se présentent sous la forme ovale et mesure de 8 à 12 micromètres de long par 7 à 10 micromètres de large. Ils sont facilement reconnaissables, car ils se présentent sous la forme d'une poire, et possèdent deux noyaux ainsi que quatre paires de flagelles (sortes de cils). Dans certains cas, l'examen n'est pas facile, et nécessite une répétition, ou même une tentative de mise en évidence des kystes dans le liquide du duodénum (partie de l'intestin grêle), ou dans une biopsie (prélèvement) de la paroi de cet intestin.

Il existe des tests plus faciles à réaliser qui permettent de détecter l'antigène du parasite dans les selles. Ils sont malheureusement onéreux.

Traitement

Traitement

  • La quinacrine n'est plus utilisée actuellement.
  • Le métronidazole 3 fois par jour pendant cinq jours est curatif dans environ 80 % des cas.
  • La furazolidone quatre fois par jour pendant 7 à 10 jours semble donner de moins bons résultats. Néanmoins elle est prescrite aux enfants, car son goût est plus agréable que le précédent et d'autre part ce médicament existe sous forme de sirop.
  • Chez certains patients, le traitement ayant échoué, celui-ci doit être répété, mais sur une plus longue période. Même après l'élimination des protozoaires, certains symptômes persistent.
  • En présence d'une réinfestation chez les individus préalablement traités et soignés, il faut avoir en tête le diagnostic d'hypogammaglobulinémie.
  • Chez certains patients, il est nécessaire d'associer le métronidazole, et la quinacrine pendant une assez longue période, ce qui donne d'excellents résultats.
  • En collectivité, les membres suspectés (ensemble) doivent être traités, même s'ils ne présentent pas de signe d'infection par giardia.
  • En ce qui concerne les femmes enceintes, la paromomycine, qui est un antibiotique de la famille des aminosides, est administrée.

Évolution

Évolution

Les symptômes précédemment décrits peuvent durer des années, et s'installer sur un mode épisodique.

  • Ce n'est que dans ces cas-là, que certains patients consultent enfin, car souffrant de façon désagréable et invalidante.
  • Chez certains d'entre eux pourtant, la maladie commence à devenir sévère, entraînant une mauvaise absorption des aliments, une perte de poids et chez les enfants un retard de croissance. Dans quelques cas très rares, on peut assister à une évolution fatale.
  • L'évolution la plus grave touche essentiellement les patients atteints d'hypogammaglobulinémie (voir ci-dessus) qui d'autre part sont difficiles à traiter.
  • La giardiase peut venir compliquer une maladie intestinale qui existait auparavant (mucoviscidose entre autres).
  • Enfin les patients atteints du sida sont plus sensibles, sans doute du fait de la diminution de leur défense immunitaire à ces parasitoses. Mais ni l'évolution de l'infection, ni la réponse au traitement est différente des autres individus.

Prévention

En ce qui concerne la prévention, il est nécessaire de ne boire que de l'eau non contaminée (encapsulée), et de ne manger que des aliments bouillis.

Dans certains cas, la filtration semble suffisante pour éliminer les kystes parasitants.