Hémochromatose héréditaire

Définition

Définition

L'hémochromatose héréditaire est une maladie hématologique (concernant le sang), grave, familiale, méconnue. Elle résulte d’une accumulation de fer dans le foie, le pancréas, le coeur, les articulations, les glandes endocrines et la peau.

Généralités

Plus précisément pour les hématologues, par une anomalie héréditaire du métabolisme, avec absorption trop importante en fer, aboutissant chez les individus homozygotes, à une surcharge des tissus en fer, c'est-à-dire un excès de fer dans l'organisme entraînant :

  • Une coloration de la peau excessivement importante (pigmentation cutanée).
  • Une cirrhose du foie.
  • Quelquefois un diabète sucré.

Historique

Quand la maladie été découverte, par Quincke et Recklinghausen en 1835, elle a été nommée hémochromatose, et le pigment qui était mis en réserve dans l'organisme, était appelé hémosidérine car on pensait qu'il provenait du sang.

Classification

Il est nécessaire de distinguer :

  • L'hémosidérose correspondant la surcharge localisée en fer, ou bien de l'ensemble de l'organisme.
  • L'hémochromatose qui comporte des lésions des tissus faisant suite à l'accumulation trop importante en fer, correspondant à une surcharge de cette substance par l'organisme, surcharge supérieure à 5 g.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une hémochromatose sont :

  • Le patient commence par se plaindre de :
    • Faiblesse.
    • Fatigue.
    • Amaigrissement.
    • Douleurs abdominales.
    • Douleurs articulaires.
    • Perte de libido (absence de désir sexuel).

Puis apparaissent :

  • Une atteinte cardiaque s'accompagnant d'une anomalie de la pompe cardiaque en tant que telle, qualifiée d'insuffisance cardiaque congestive (accumulation de sang avec difficulté d'expulsion de celui-ci par le cœur). Il s'agit là de l'atteinte initiale de la maladie, qui concerne 15 % des patients environ. Les signes qui caractérisent cette insuffisance cardiaque congestive, peuvent apparaître subitement, et ont quelquefois une évolution péjorative quand aucun traitement efficace n'est mis en place rapidement. On constate, une augmentation du volume du cœur de façon générale, ce qui oriente quelquefois vers un faux diagnostic de cardiomyopathie idiopathique (atteinte du muscle cardiaque dont on n'arrive pas à déterminer l'origine avec précision), surtout quand le patient ne présente pas d'autres symptômes de l'hémochromatose.
  • Quelquefois des troubles du rythme cardiaque avec présence d'extrasystoles supraventriculaires (battements supplémentaires du cœur), accélération du rythme cardiaque, fibrillations auriculaires (battements des oreillettes du cœur trop rapides, et donc inefficaces), et d'autres anomalies de conduction de l'influx nerveux à l'intérieur du tissu cardiaque (bloc auriculo-ventriculaire de divers degrés).
  • Une pigmentation accentuée de la peau (associée à une dépilation, ou perte de poils). Cette hyperpigmentation cutanée se retrouve chez environ 90 % des patients, présentant déjà d'autres symptômes. Le dépôt de mélanine donne au patient un aspect bronzé. Ce bronzage tire néanmoins sur le gris, un gris métallisé, très caractéristique qui semble être secondaire à la présence de fer dans la peau. Des taches colorées peuvent se différencier des zones de peau de coloration normale, plus particulièrement sur le cou, le visage, les avant-bras, le dos des mains, la partie inférieure des jambes, les zones génitales, les cicatrices. Très rarement, cette pigmentation apparaît dans la bouche.
  • L'apparition d'un diabète sucré (augmentation du taux de sucre dans le sang). Cette pathologie survient chez environ 65 % des patients, et plus fréquemment chez ceux qui présentent des antécédents familiaux de diabète. Elle est expliquée par les dépôts de fer, au niveau du pancréas, et son traitement est le même que pour les autres formes de diabète, en dehors du fait qu'il s'agit de façon plus fréquente de diabète dû à une anomalie de l'insuline (diabète insulinodépendant). Les complications survenant au cours de ce diabète sont classiques, c'est-à-dire identiques à celles survenant au cours des autres diabètes.
  • Une atteinte hépatique se traduisant par une augmentation de volume du foie. Le foie est généralement le premier organe à souffrir chez environ 95 % des patients présentant des symptômes de l'hémochromatose. Chez quelques patients, on retrouve une augmentation du volume du foie sans anomalie des analyses sanguines caractérisant l'atteinte hépatique (anomalie biologique hépatique). En effet, environ un patient sur deux ayant cette pathologie n'a pas, ou peu, d'anomalies de fonctionnement du foie.
  • Une augmentation du volume de la rate (splénomégalie).
  • Une atteinte articulaire (arthropathie). Celle-ci touche environ 25 à 50 % des malades, et apparaît généralement après l'âge de 50 ans. Néanmoins, certains patients se plaignent d'arthropathie d'origine hémochromatosique, à n'importe quel âge. Quelquefois, on a même décrit des patients pour lesquels les arthropathies étaient les premiers signes cliniques, permettant de mettre en évidence cette pathologie. Ce sont essentiellement les articulations des mains, et tout particulièrement les 2ème et 3ème articulation métacarpo-phalangienne (entre le poignet et les doigts) qui sont habituellement les premières atteintes. Les genoux et les hanches peuvent également être atteints. Des dépôts de pyrophosphate de calcium, sont également susceptibles de se faire au niveau de la synovie, et donner lieu à une chondrocalcinose ou à une pseudo-goutte, essentiellement dans les genoux. Le cartilage peut également être atteint et détruit, on constate alors :
    • Un rétrécissement de l'espace articulaire (entre deux os).
    • Une déminéralisation diffuse.
    • Une anomalie de la construction osseuse se caractérisant par une augmentation anormale du tissu osseux (hypertrophie)
    • Des calcifications (dépôts de carbonate de chaux sous forme de petits calculs) au niveau des synoviales. Malgré le traitement (voir ci-après) par phlébotomie (ponction de sang dans une veine), l'atteinte articulaire a tendance à progresser.
    • Un hypogonadisme : insuffisance de sécrétion des glandes des gonades (ovaires et testicules). Cet hypogonadisme se caractérise, à un stade avancé, par une diminution de volume des testicules (atrophie testiculaire). Il qui se rencontre dans les deux sexes, et précède quelquefois d'autres manifestations cliniques. Il se caractérise par une perte de la libido, une aménorrhée (absence de règles), une impuissance, une dépilation. Ces symptômes s'expliquent par les dépôts de fer qui se font dans la glande hypophyse, qui régule la fonction hormonale des testicules et des ovaires par l'intermédiaire des hormones gonadotrophines.
    • Des angiomes stellaires (à un stade avancé). Il s'agit de dilatations permanentes et visibles, en forme d'étoile, des petits vaisseaux de la peau du visage.
    • L'apparition d'un ictère (jaunisse) à un stade avancé.
    • Chez quelques patients, on a remarqué également la présence d'une gynécomastie (augmentation du volume des glandes mammaires) et une coloration rose ou rouge des paumes de la main.
    • Enfin, plus rarement, on a remarqué la survenue d'une hypoparathyroïdie (diminution de la sécrétion d'hormones parathyroïdes), une diminution de la fonction des glandes surrénales, et une hypothyroïdie (diminution de la sécrétion des hormones thyroïdiennes).

Physiologie

Les quantités de fer de l'organisme varient entre 3 et 4 g. Elles résultent de son absorption par l'intestin, et de son élimination. 

Les pertes sont habituellement d'environ :

  • 1 mg par jour chez l'homme.
  • 1,5 mg par jour chez la femme en période d'activité génitale.

L'hémochromatose quant à elle, entraîne une absorption du fer ne correspondant pas aux besoins de l'organisme, et pouvant atteindre 4 mg par jour, voire plus chez certains patients. C'est cette accumulation chronique dans l'organisme, qui est à l'origine d'une élévation précoce du taux de fer dans le sang, et plus précisément dans le plasma (partie liquide du sang). Ceci entraîne une saturation de la transferrine (protéine transportant le fer, associée à un sucre fabriqué par le foie, et permettant le stockage du fer dans la rate, la moelle osseuse et le foie), ainsi qu'une augmentation progressive de la ferritinémie (taux de ferritine dans le sang). Chez certains malades qui présentent une hémochromatose avancée, l'organisme est capable de contenir jusqu'à 20 grammes de fer, et quelquefois plus. Dans ce cas, il est déposé dans le foie, le coeur, et le pancréas. Ceci signifie que les quantités de fer peuvent être multipliées par 25, 50, et quelquefois même 100, dans ces organes. Les sujets soumis à une intoxication alcoolique (patients appelés anciennement alcooliques) sont atteints d'hépatopathie (maladie du foie) chronique, et présentent d'autre part une augmentation des réserves en fer.

Physiopathologie

Les pigments en cause sont :

  • L'hémo fuchsine.
  • L'hémosidérine

Leur accumulation, s'accompagne d'une sclérose (perte d'élasticité des tissus), plus ou moins importante. De façon générale, la surcharge en fer des tissus qui composent l'organisme, est appelée hémosidérose. Il s'agit d'une surcharge anormale des organes (et particulièrement du foie) par l'hémosidérine, qui est un pigment insoluble contenant de l'hydroxyde de fer.

Épidémiologie

L'hémochromatose héréditaire atteint 1 français sur 300, elle est à reconnaître et à traiter avant 30 ans.

En Europe, la prévalence est de :

  • 7 à 10 %, en ce qui concerne la forme hétérozygote.
  • 0,2  à 0,5 % en ce qui concerne la forme homozygote.

La mutation C282Y du gène HFE est la plus fréquente dans le nord de l'Europe, soit environ 85 % du sujet homozygote. La maladie est peu fréquente dans le sud de l'Europe, et inconnue en Afrique, et en Asie. Elle s'observe essentiellement dans les familles qui n'ont pas la mutation C282Y du gène HFE, ou encore qui n'ont pas d'autres mutations de ce gène comme c'est le cas pour la mutation H63D.

Examen médical

Examen physique

Devant un patient présentant l'un des signes précédemment décrits, il est nécessaire de penser à l'hémochromatose. Ceci est important car la mise en place du diagnostic permet rapidement celle du traitement, avant que la surcharge en fer n'entraîne des effets délétères, au niveau des différents organes cités précédemment.

Labo

Le diagnostic de certitude, est apporté par la biopsie (prélèvement) de tissu hépatique. Elle permet d'autre part, une estimation de la quantité de fer dans ces tissus, ainsi qu'une confirmation de la présence, ou de l'absence, d'une cirrhose chez un patient. D'autre part, grâce au ratio de la quantité de fer dans le foie (c'est-à-dire la concentration de fer) par rapport à l'âge du patient (en années), il est possible de distinguer les malades homozygotes (ayant reçu un gène du père et de la mère), des sujets hétérozygotes (n'ayant reçu qu'un seul gène). Cette biopsie, permet également, de différencier une pathologie hépatique d'origine alcoolique, d'une hémochromatose vraie.

De façon générale, quand le dosage du taux de saturation de la transferrine (à jeun) dépasse 62 %, ceci oriente vers une hémochromatose d'origine homozygote). Rappelons que la transferrine est une protéine du sang (appelée également sidérophiline) qui se combine au fer, et le transporte vers les organes.

Pour les spécialistes, la mesure du taux de fer dans le sang et du pourcentage de saturation de la transferrine, ainsi que la mesure de la concentration en ferritine du sérum sanguin, et la biopsie du foie avec la mesure de la concentration en fer et du calcul de l'index en fer hépatique, permettent d'établir une estimation des réserves en fer, à la suite de l'administration de ferroxamine. Il est important de déterminer le taux de fer dans le sérum (partie liquidienne du sang). Il s'agit essentiellement de la sidérémie, et du coefficient de saturation de la transferrine, qui sont élevés au début de la maladie. Il existe néanmoins des faux négatifs. C'est le cas entre autres, d'un patient qui présente une pathologie alcoolique chronique, avec complications hépatiques, mais qui n'a pas de surcharge en fer. Dans ce cas, l'index hépatique en fer n'est généralement pas augmenté comme dans l'hémochromatose.

Le typage H. L. A. (mis en évidence de cette forme génétique) permet de mettre en évidence les familles à hémochromatose. Pour les spécialistes, le conseil génétique pour les membres de la parenté qui ne partagent qu'un seul haplotype HLA avec le patient (hétérozygote), ne développeront probablement pas de surcharge en fer progressive. Ainsi, le typage H. L. A. aide à terminer la probabilité qu'un membre de la parenté développe ultérieurement la maladie, et l'aide à déterminer par conséquent, la fréquence souhaitable du dépistage de la maladie. Quand la biopsie est difficile à mettre en place, le test d'excrétion après Déféroxamine permet de fournir une information pour la mise en place du diagnostic.

Les examens de laboratoire qui doivent être pratiqués au cours de cette maladie sont les suivants : 

  • Le coefficient de saturation en fer de la transferrine montre que celui-ci est augmenté. S'il dépasse 60 % chez l'homme de 50 % chez la femme, il faut alors procéder à une IRM ou à une biopsie du foie afin de doser le fer à l'intérieur de cet organe.
  • Le fer sérique est augmenté (supérieur à 35-70 micromoles par litre).
  • La ferritine sérique est augmentée.
  • La ferritine érythrocytaire dépasse 200 attogrammes par globule rouge.
  • Le test à la desferoxamine montre une augmentation de l'élimination urinaire du fer soit 1,5 mg en six heures à la suite de l'administration de desferoxamine (500 mg en injections intramusculaires, ou en perfusions intraveineuses en quatre heures). La fonction hépatique est normale au début puis s'altère habituellement avec la cirrhose du foie. Le patient montre des signes du diabète sucré, tout particulièrement une hyperglycémie (augmentation du taux de sucre dans le sang), et une glycosurie (une augmentation du taux de sucre dans les urines). Il est nécessaire de procéder à la recherche des mutations du gène HFE C282Y ou  quelquefois H63D. L'homozygositie va permettre de confirmer le diagnostic, et d'évaluer le degré d'excès en fer, en mesurant la ferritine et en pratiquant une IRM du foie. Le typage HLA doit être effectué, il permet de trouver généralement des antigènes HLA A3 ou B7.

Examen complémentaire

C'est en pratiquant une autopsie sur les individus atteints par cette pathologie que l'on constate les faits suivants :

  • Le foie est augmenté de volume (hypertrophié), et contient des nodules (petites tumeurs) dont la couleur est celle de la rouille.
  • Le pancréas est également hypertrophié et nodulaire. La concentration en fer de ces deux organes est très élevée.
  • Cette concentration est également élevée dans le cœur, et un peu moins dans les glandes endocrines (hypophyse entre autres).
  • Dans l'épiderme (la peau), le taux de mélanine (pigment colorant la peau) est lui aussi augmenté.
  • On constate des dépôts de fer dans les cellules synoviales (membranes fabriquant le liquide synovial dans les articulations) associés, chez quelques patients seulement, à des cristaux de pyrophosphate de calcium dans ce liquide synovial et dans les membranes synoviales.
  • Au cours de l'évolution de cette maladie, les dépôts de fer se font à l'intérieur de la vésicule biliaire. Ils sont également à l'origine d'un durcissement du tissu hépatique (fibrose), à l'origine d'une cirrhose hépatique. Les spécialistes appellent cette pathologie "cirrhose macronodulaire" ou "cirrhose macro micronodulaire mixte". L'interrogatoire du patient permet d'exclure une surcharge en fer secondaire à une anomalie hématologique (telle qu'une anémie hémolytique, une thalassémie). La mise en évidence de symptômes similaires dans les membres de la famille oriente quelquefois le diagnostic.
  • Le scanner permet de montrer une augmentation de densité du foie, secondaire au dépôt de fer.  Mais le scanner ne montre pas l'excès de fer. C'est l'I.R.M. qui permet de détecter une augmentation en fer de ces tissus, sa sensibilité est meilleure.
  • Les saignées (prélèvement de sang) permettent également, lorsqu'on les pratique 1 à 2 fois par semaine, de déterminer la quantité de fer si on a pris soin de doser celui-ci avant.

Cause

Cause

Il s'agit d'une des maladies héréditaires les plus fréquentes, se transmettant selon le mode autosomique récessif (il est nécessaire que les deux parents portent l'anomalie chromosomique sur un chromosome non sexuel, pour que la descendance ait la maladie).

Ce désordre est secondaire à la transformation d'un gène (mutation) particulièrement lié au locus (emplacement) HLA -A 6 (chromosome numéro 6). La caractéristique majeure de cette maladie est l'absorption de fer (alors que l'organisme n'en a plus besoin), qui s'accumule dans certains organes, en y provoquant des lésions progressives, et quelquefois graves. En prévention le système HLA le plus recherché, est le gène HFE1 qui depuis 1996 est demandé.

Quand les enfants reçoivent un gène anormal du père et de la mère, ils sont dits homozygotes. Dans ce cas, l'excès de fer se constitue tout au long de la vie, et aboutit en général vers l'âge de 40 ans à des complications dont les manifestations seront :

  • Un aspect bronzé et gris de la peau.
  • Une insuffisance cardiaque.
  • Une augmentation de volume de la glande hépatique (le foie) susceptible d'évoluer vers :
    • Une cirrhose.
    • Un diabète sucré (élévation du taux de sucre dans le sang).
    • Une impuissance et divers troubles endocriniens ou articulaires, comme la chondrocalcinose articulaire.

Quand un individu ne reçoit qu'un seul gène anormal du père ou de la mère, il est dit hétérozygote, et dans ce cas ne développe pas de surcharge en fer de manière importante. Un stade précoce de la maladie est appelé hémochromatose précoce, ou pré cirrhotiqueLa maladie est 5 à 10 fois plus élevée chez l'homme que chez la femme, et environ 70 % des patients développent les premiers symptômes entre l'âge de 40 et 60 ans. Avant vingt ans, la maladie est rarement évidente, mais le dépistage familial peut identifier les sujets qui ne présentent pas encore de symptômes, mais qui ont déjà une surcharge en fer.

Traitement

Traitement

Le traitement comporte initialement, une tentative pour obtenir une éviction des aliments riches en fer, c’est-à-dire :

  • Des légumes secs.
  • Du cresson.
  • Du riz.
  • Du jaune d’oeuf.
  • Des abats.
  • Du chocolat.
  • De l'alcool.
  • Les épinards, classiquement considérés à tort comme riches en fer, ne doivent plus être exclus.
  • Les médicaments chélateurs du fer sont capables de fixer les métaux lourds, formant ainsi un complexe stable éliminé par les reins. Leur quantité est prescrite par le médecin traitant.

En cas d’inefficacité thérapeutique, pour stopper la marche inéluctable de la maladie, on peut alors considérer l'hémochromatose comme une maladie génétique, qui nécessite un traitement plus efficace. On fera alors appel aux saignées, à raison de 500 cc tous les dix jours, pendant plusieurs mois. Celles-ci sont contre-indiquées en présence :

  • D'hépatite sévère avec ascite (présence d’eau dans l’abdomen).
  • D'oedème.
  • De cirrhose alcoolique (dégénérescence du foie).
  • D'hémopathie (maladie du sang en général).
  • Traitement de l'insuffisance hépatique (insuffisance de fonctionnement du foie) en cas de présence d’une cirrhose.
  • Traitement du diabète : régime et insuline.
  • Traitement de l'hypogonadisme (troubles sexuels) éventuel : hormonothérapie substitutive.

Évolution

Complications

Le carcinome du foie se développe chez environ 30 % des patients qui ont une cirrhose. Un carcinome est une tumeur maligne (cancéreuse) qui se développe aux dépens des tissus de revêtement, comme la peau ou les muqueuses. De nombreux organes possèdent des muqueuses :

  • L'intestin.
  • L'appareil génital.
  • L'appareil urinaire.
  • L'estomac.
  • Les poumons.

D'autre part, il existe, associé au tissu de recouvrement, des glandes comme le sein, le foie, le pancréas, la prostate, qui sont alors susceptibles de se cancériser.
La gravité du carcinome dépend du tissu concerné. Ainsi, le carcinome de la peau est généralement d'évolution favorable. On distingue habituellement :

  • Le carcinome du foie est un carcinome glandulaire, appelé aussi adénocarcinome. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un cancer touchant les structures glandulaires du foie. Sa spécificité réside dans le fait qu'il s'agit d'un cancer organisé autour des cavités formant des tubes, des glandes hormonales, ou d'autres structures capables de fabriquer des liquides autres que les hormones. Plus le patient est âgé, plus l'incidence est élevée. Il s'agit là de la principale cause de décès quand les sujets ne sont pas traités. Ceci explique l'intérêt d'un diagnostic et d'un traitement précoces chez les patients atteints d'hémochromatose.
  • Le carcinome hépatocellulaire ne semble pas se développer quand cette maladie est traitée à temps, c'est-à-dire avant la survenue de la cirrhose.

Diagnostic différentiel

Il ne faut pas confondre une hémochromatose avec :

  • Acéruléoplasminémie (absence ou insuffisance de céruléoplasmine). Dans ce cas, on constate une réduction des mouvements des réserves de fer de l'intérieur de la cellule vers l'extérieur, c'est-à-dire vers le plasma (qui est la partie liquide du sang). On assiste à une accumulation de fer dans les tissus.
  • Hépatosidérose dysmétabolique se caractérise par une augmentation de la ferritine, ainsi qu'une saturation ou peu augmentée, et une surcharge en fer au niveau du foie de manière modérée ou importante. Cette pathologie s'observe chez les individus présentant une résistance à l'insuline, ou en cas d'hépatite stéatosique non alcoolique, ou de dyslipidémie avec des anomalies d'absorption de glucides.
  • Hypotransferrinémie (déficit en transferrine), ou atransferrinémie (absence de transferrine). Ces maladies, très rares, sont héréditaires. Dans l'hypotransferrinémie, le fer absorbé pénètre directement dans le foie, et se dépose dans cet organe. Etant donné que le système de transport (transferrine) est défaillant, les globules rouges qui nécessitent du fer ne reçoivent pas leur dose habituelle.
  • Atransferrinémie due à un déficit en transferrine liée à des mutations du gène TF (locus 3q21), qui cause une accumulation de fer dans le foie.
  • Anémie hémolytique (avec éclatement des globules rouges) d'origine héréditaire.
  • Défaut de synthèse de l'hémoglobine : thalassémie.
  • Traitement par médicaments contenant du fer. Il s'agit sans doute d'individus qui présentent une défaillance génétique. En effet, l'absorption de fer d'origine médicamenteuse, ne semble pas suffisante pour provoquer une hémochromatose, même sur une longue période.
  • Transfusions répétées de sang.
  • Augmentation de l'absorption de fer.
  • Absorption de boissons alcoolisées chez certains africains bantous. Dans ce cas, ces patients boivent de l'alcool qui a fermenté dans des récipients en fer.
  • Maladie de Kashin-Beck avec hémosidérose.
  • Porphyrie cutanée tardive.
  • Stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie).
  • Hépatite C chronique.
  • Intoxication alcoolique aboutissant une cirrhose alcoolique s'accompagnant d'une accumulation modérée de fer dans le foie.
  • Prise importante de vitamine C (acide ascorbique) susceptible de favoriser l'absorption du fer.
  • D'autres accumulations dont on ne connaît pas l'étiologie (l'origine).

Prévention

L'examen des autres membres de la famille (dépistage) est très important. En effet, il permet de mettre en évidence les membres à risque, qui ne sont pas forcément symptomatiques, c'est-à-dire qui ne présentent pas obligatoirement les symptômes de l'hémochromatose.

Un coefficient de saturation de la transferrine supérieur à 50 %, celui-ci étant pratiquées à jeun, permet de montrer une hémochromatose latente, c'est-à-dire en attente, surtout chez les individus hétérozygotes, membres de la famille du patient.

Il est important de procéder à une enquête familiale, afin de rechercher les mutations C282Y ET H63D du gène HFE,  chez chaque membre parents des sujets concernés par l'hémochromatose homozygote.

Chez ces individus, quand il existe une augmentation de la saturation de la transferrine et de la concentration de la ferritine dans le sérum, il est quelquefois nécessaire d'envisager une biopsie du foie, pour révéler ou exclure le diagnostic. En effet, si l'un d'entre eux présente une cirrhose, le traitement précoce est nécessaire et indispensable (voir ci-dessus).

Les principales causes de décès survenant au cours de cette maladie sont l'insuffisance cardiaque, l'hypertension portale (circulation du foie), l'insuffisance de fonctionnement de la glande hépatique et le carcinome hépatocellulaire (voir ci-dessus).

Les patients asymptomatiques qui ont été détectés grâce à un dépistage familial doivent, si leurs réserves en fer sont légèrement ou normalement élevées, se soumettre à un prélèvement de sang à intervalles réguliers.

Au cours du traitement par saignées répétées, on voit le volume de la rate et du foie diminuer. Progressivement, la fonction hépatique va en s'améliorant, et les symptômes décrits ci-dessus disparaissent. Dans environ un cas sur deux, le diabète sucré s'améliore également. Malheureusement, l'atteinte des gonades (testicules et ovaires), et l'atteinte articulaire ne s'améliorent guère. Il est possible d'envisager une transplantation du foie en ayant au préalable corrigé l'excès de fer.