Hémiplégie

Définition

Définition

Une hémiplégie est la paralysie totale ou partielle de la moitié du corps.

Autrement dit, il s'agit d'une paralysie affectant la moitié gauche ou la moitié droite du corps.

Pour Pierre Marie et Foix, il s'agit d'une « atteinte dimidiée de l'organisme ».

Classification

On distingue classiquement 2 variétés d'hémiplégies :

  • L'hémiplégie spasmodique, au cours de laquelle les muscles touchés sont raides.
  • L'hémiplégie flasque, au cours de laquelle la palpation du patient montre des muscles mous et hypotoniques (affaiblis).

Anatomie

Pour comprendre le mécanisme de survenue d'une hémiplégie, il faut connaître quelques notions d'anatomie concernant la voie pyramidale

Le faisceau pyramidal est une voie nerveuse principale, appartenant au système nerveux central (encéphale et moelle épinière). Il est constitué d’un groupement de fibres nerveuses possédant un trajet commun, et destinées à transporter les messages moteurs volontaires (influx nerveux permettant d’obtenir un mouvement, contrairement aux messages destinés à la perception des sensations).

Il relie les cellules nerveuses de forme pyramidale contenues dans l’écorce cérébrale (substance grise du cerveau) à d’autres cellules nerveuses contenues dans la moelle épinière. Les nerfs constituant le faisceau pyramidal volontaire appartiennent à un ensemble de fibres destinées au tronc (abdomen + thorax), et aux membres.

A partir des cellules pyramidales, ce faisceau descend vers la moelle épinière en passant par une zone du bulbe rachidien (région du système nerveux central située en avant du cervelet, entre le cerveau au-dessus et la moelle épinière en dessous).

Il décusse, c’est-à-dire change de côté. Puis il se sépare à l’intérieur de la moelle épinière en 2 branches appelées cortico-spino-ventrale (trajet situé vers l’avant de la moelle épinière) et latérale (trajet situé sur les côtés de la moelle épinière). Il se termine dans la corne antérieure de la moelle épinière appelée corne latérale (située de l’autre côté du trajet de ce faisceau).

                                                                                                                        

Symptômes

Symptômes

Ils dépendent du type d'hémiplégie et de la zone atteinte de l'écorce motrice du cerveau.

  • Quand il existe des troubles de la sensibilité, il s'agit d'une lésion qui déborde sur l'aire pariétale ascendante. Dans ce cas, on constate la présence de troubles sensitifs, qui portent surtout sur la sensibilité profonde et la stéréognosie, c’est-à-dire la reconnaissance des objets par le toucher.
  • La présence d'une aphasie apparaît quand la lésion siège sur l'hémisphère dominant, c'est-à-dire gauche chez le droitier, ou droit chez le gaucher. L'aphasie est la perte partielle ou totale de la faculté de s’exprimer, et de comprendre le langage, qu’il soit parlé ou écrit, malgré l’intégrité anatomique, et fonctionnelle des organes de la phonation (langue, larynx) et indépendamment de toute atteinte neurologique d’origine sensorielle (sans difficultés d’audition ou de vue). Généralement, cette aphasie est associée à une hémiplégie droite.
  • L'hémianopsie se rencontre quand la lésion s'étend vers le lobe occipital (en arrière du cerveau). C’est la perte ou la diminution de la vue dans une moitié du champ visuel d'un oeil, ou le plus souvent des 2 yeux. Il est également possible d'observer une hémianopsie homonyme intéressant dans ce cas le champ visuel du côté même de l'hémiplégie. Pour les spécialistes : l’hémianopsie est souvent en quadrant.
  • Certaines hémiplégies se caractérisent par la présence de crises convulsives le plus souvent de type Bravais-Jacksonienne (en cas de tumeur cérébrale).
  • L'hémiplégie peut être secondaire à une atteinte de la capsule. Autrement dit, ce sont les fibres motrices du faisceau pyramidal qui sont atteintes au niveau de la capsule interne (zone située dans la substance blanche, au-dessous du cortex – qui est la périphérie du cerveau). Dans ce cas, on constate une paralysie de toute la moitié du corps, paralysie globale et proportionnelle, c'est-à-dire que les membres supérieurs et les membres inférieurs sont atteints dans leur ensemble. On parle dans ce cas de paralysie pure, c'est-à-dire non associée à des troubles sensitifs. Dans certains cas, les lésions débordent de la capsule interne, et viennent lécher le thalamus entraînant une hémiplégie capsulothalamique s'accompagnant d'un syndrome thalamique. Appelé également syndrome de Dejerine-Roussy (en anglais Deje­rine-Roussy syndrome), syn­drome de l'artère ou du territoire thalamo-genouillé. IL s'agit d'un ensemble de symptômes qui comprend :
  • Une hémi­plégie légère régressive ne s'accompagnant pas de contractures
  • Une hémi-anesthé­sie (de la moitié du corps) superficielle avant tout profonde
  • Une hémi-ataxie : incoordination des mouvements sans atteinte de la force musculaire, due à une atteinte du système nerveux central.
  • Une astéréognosie : appelée également stéréo-agnosie (terme issu du grec stéréos : solide, a : privatif et gignôskô : je reconnais), ce terme désigne la perte de la reconnaissance de la forme et du volume des objets. Ce type d'hémiplégie survient quand il existe une atteinte (lésion) de l'aire pariétale (située au-dessus du cerveau).
  • Des mouvements choréo-athétosiques et des douleurs vives tenaces. Le patient décrit ces douleurs comme intolérables et apparaissant du côté opposé à la lésion.
  • Une hémianopsie latérale du même côté est fréquemment associée.
  • L'hémiplégie due à une atteinte des pédoncules cérébraux (zone située en avant du cervelet et en dessous du cerveau) est responsable du syndrome de Weber se caractérisant par la présence d'une hémiplégie controlatérale complète, c'est-à-dire touchant le visage et les membres, avec paralysie du même côté de la troisième paire crânienne et un ptôsis (chute) de la paupière supérieure. A ceci s'associe une déviation de l’œil, en dehors et légèrement en hauteur indiquant que la quatrième et la sixième paire crânienne ne sont pas atteintes. On constate d'autre part, la présence d'un strabisme et d'une diplopie. Le strabisme est un défaut de parallélisme des yeux, s’accompagnant d’une déviation de l’un ou des deux yeux vers l’intérieur (strabisme convergent ou ésotropie) ou vers l’extérieur (strabisme divergent). La diplopie est la perception de deux images pour un seul objet.
  • L’atteinte des pédoncules entraîne également le syndrome de Bénédikt associant un tremblement des membres paralysés. Le syndrome de Foville pédonculaire comporte en plus de l'hémiplégie controlatérale complète, une paralysie des mouvements de latéralité des yeux vers le côté concerné par l'hémiplégie.
  • L'hémiplégie cérébelleuse de Pierre Marie et Foix (en anglais cerebellar hemiplegia) se caractérise par un ensemble de troubles dus au déficit d'un seul côté des fonctions sous l'égide du cervelet, c'est-à-dire :
    • Une ataxie (troubles de la coordination des mouvements).
    • Un tremblement.
    • Une hypotonie musculaire (relâchement musculaire excessif).
    • Une démarche mal assurée.
    • Une impossibilité d’effectuer en totalité des mouvements ordonnés par le cerveau.
    • Une hypermétrie (les gestes vont trop loin).
    • L’alternance des mouvements n’est plus possible.
  • L’hémiplégie survenant après une infection appelée encéphalite aiguë post-infectieuse de l'en­fance (en anglais post-infection encephalitis). Cette affection est susceptible de survenir pendant ou après une maladie infectieuse touchant l'enfant (rougeole, vaccine, coqueluche, diphtérie). L'hémiplégie qui en découle, comporte quelquefois, en plus d'autres symptômes tels que des convulsions, des troubles sensoriels ou psychiques. Son évolution est le plus souvent bonne, puisqu'elle guérit totalement mais laisse parfois des séquelles définitives à type d'épilepsie, ou de troubles intellectuels graves.
  • L'hémiplégie cérébrale infantile (en anglais : infantile hemiplegia) appelée également hémiplégie spasmodique infantile, correspond à une variété d'hémiplégie qui apparaît dès la fin de la première année de vie. Celle-ci se caractérise par la présence de spasmes touchant les membres inférieurs, ceux-ci se positionnent en extension et en flexion. Cette variété d'hémiplégie est due à une atteinte de l'encéphale (partie du système nerveux comprise dans le crâne) associant des séquelles de lésions cérébrales survenues au moment de l'accouchement. Cette affection bouleverse énormément la croissance des membres atteints. Les tissus n'ont pas la même trophicité (développement au sens large) qu'ailleurs.
  • L'hémiplégie collatérale, appelée également hémiplégie homolaté­rale, est une hémiplégie qui siège du côté de la lésion après sec­tion d'une moitié de la moelle à un niveau supérieur.
  • L'hémiplégie controlatérale (en anglais : controlateral hemiplegia) est une hémiplégie qui siège du côté opposé à celui de la lésion touchant le cerveau.
  • L'hémiplégie corticale (en anglais : cortical hemiplegia) est une hémiplégie le souvent fragmentaire due à une lésion d'une zone de la périphérie du cerveau (écorce cérébrale). Cette affection s'accompagne quelquefois de troubles de la sensibilité, de perturbations du langage, de troubles oculaires et de crises convul­sives.
  • L'hémiplégie proportionnelle (en anglais : proportional hemiplegia) est une hémiplégie au cours de laquelle le visage, les bras et les jambes sont atteints de la même manière.
  • L'hémiplégie spinale (en anglais : spinal hemiplegia) est une hémiplégie secondaire à une atteinte de la moitié de la moelle épinière dont le niveau est situé au-­dessus du renflement cervical. Cette variété d'hémiplégie, qui se caractérise par une non-atteinte du visage, est une hémiplégie du côté de la lésion associée à une anesthésie de l'autre côté (syndrome de Brown-Séquard).
  • Au cours du syndrome de Little, on constate quelquefois la survenue d'une hémiplégie. Il s'agit d'une affection neurologique de sévérité variable, entrant dans le cadre des encéphalopathies infantiles et se caractérisant par une paralysie plus ou moins importante des deux membres supérieurs ou inférieurs (paraplégie), de type spasmodique, et qui apparaît dès les premiers mois de la vie chez les enfants présentant une anoxie (difficulté respiratoire) et une ischémie (insuffisance d'apport sanguin) des tissus nerveux lors d’un accouchement difficile. La maladie (ou syndrome) de Little représente au moins 20 à 30 % des infirmités motrices cérébrales. La prévention de la prématurité, fait reculer la fréquence de ce syndrome, bien que récemment celui-ci semble en recrudescence dans les pays industrialisés.

Physiopathologie

Plus précisément, une hémiplégie atteint une ou plusieurs parties du corps en même temps. C'est ainsi qu'il existe les hémiplégies d'un membre supérieur, du visage, d'un membre inférieur mais, et c'est important à souligner, toujours d'un seul côté de l'organisme. Il est également possible d'observer des hémiplégies touchant l'ensemble de la moitié du corps.

Une hémiplégie à pour cause une lésion de la voie pyramidale. La lésion siège du côté opposé au membre qui est atteint. C'est ainsi qu'une hémiplégie gauche correspond à une lésion cérébrale droite et inversement.

Examen médical

Examen physique

Le terme parallélokinésie (du grec para : à côté, allélos : l'autre et kinêsis : mouvement) désigne un phénomène qui s'observe au cours de certaines hémiplégies organiques (« vrai »), mais essentiellement les hémiplégies pithiatiques.

L'individu concerné ne bouge pas spontanément le membre malade, mais reproduit avec le membre affecté, les mouvements passifs, qui sont exécutés par le membre qui n'est pas atteint.

Le terme pithiatique traduit l'état anormal d'un individu présentant des troubles susceptibles d'être reproduits très exactement par la suggestion, et guérissables par la persuasion.

Cause

Cause

  • L'hémiplégie est le plus souvent due à un accident vasculaire cérébral survenant essentiellement chez le sujet âgé présentant une tension artérielle trop élevée. S'il s'agit d'un sujet jeune et que l'hémiplégie est d'origine artérielle, celle-ci est due à la rupture d'un anévrisme congénital d'un vaisseau cérébral, s'accompagnant d'hémorragie envahissant l'espace situé sous l'arachnoïde (qui est une des trois méninges de protection et de recouvrement du cerveau, avec la pie-mère et la dure-mère). Appelée également artériectasie, le terme anévrisme (issu du grec aneurusma , dilaté) traduit l’agrandissement des parois d’une artère, dans lequel s’engouffre le sang, et où il peut y avoir formation de caillots. L’anévrisme artériel est le plus souvent secondaire à une atteinte de la paroi des vaisseaux par l’athérome (dépôts graisseux responsables de l’athérosclérose).
  • Les traumatismes entraînent une hémiplégie immédiate secondaire à une lésion directe de l'écorce cérébrale, et plus précisément de la partie du cerveau (aire cérébrale) source des influx nerveux, ordonnant les mouvements (écorce cérébrale motrice). Parfois, l'hémiplégie survient après un certain temps, appelé intervalle libre, en cas d'hématome (collection de sang) survenant à l'extérieur de la dure-mère, ou au-dessous d'elle. 
  • A la suite d'un coma, certains patients présentent une hémiplégie.
  • Quand l'hémiplégie est progressive, la cause est une tumeur cérébrale. En effet, celle-ci s'étend de plus en plus à des régions voisines. L'hémiplégie se caractérise par la présence d'épilepsie de type Bravais Jackson.
  • Les hémiplégies d'origine congénitale sont essentiellement des paraplégies, c'est-à-dire des paralysies des deux membres supérieurs, des deux membres inférieurs, ou des quatre membres, qui sont observées chez les patients (habituellement, la paraplégie désigne la paralysie des deux membres inférieurs). Ce type d'affection se voit essentiellement en cas de méningite tuberculeuse de l'adulte, en présence d'abcès du cerveau ou lors de certaines encéphalites (inflammation de la partie du système nerveux contenue dans le crâne).
  • Les autres causes d'hémiplégie sont :
    • Une intoxication et plus spécifiquement celle par l'oxyde de carbone.
    • Un choc allergique grave.
    • Un avortement «sauvage» par injection intra-utérine d'eau savonneuse.
    • Des transfusions sanguines non compatibles.
    • Une ponction pleurale.
    • Un pneumothorax.

 

Traitement

Traitement

Il s'agit essentiellement de traiter la cause de façon à faire régresser l'hémiplégie ou d'empêcher son aggravation. 

Selon la gravité de l'hémiplégie, il est quelquefois nécessaire d'utiliser une ventilation assistée, surtout en cas de coma.

Par la suite, la rééducation par kinésithérapie, ostéopathie et médecine fonctionnelle, permettent une certaine amélioration, essentiellement en ce qui concerne les séquelles motrices.

L'orthophonie quant à elle permet de rééduquer le langage.

La psychothérapie a également un rôle essentiel à jouer.

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