Colite suppurante

Définition

Définition

La colite suppurante est une inflammation chronique (prolongée) de la muqueuse (couche de cellules de recouvrement) du côlon et du rectum.

Symptômes

Symptômes

 Les symptômes d'une colite suppurante sont :

  • Diarrhées plus ou moins sanglantes.
  • Douleurs abdominales.
  • Epreintes se caractérisant par une colique (douleur abdominale s’accompagnant d’une contraction douloureuse et répétitive) précédant une évacuation, et associée à une inflammation du gros intestin. Les épreintes sont accompagnées d’une fausse envie pressante et impérieuse d’aller à la selle.
  • Ténesme (faux besoins).
  • Selles ne contenant pas de matières, liquides et parfois purulentes (contenant du pus).
  • Amaigrissement.
  • Fatigue.
  • Perte de l’appétit.
  • Fièvre parfois très élevée.

Physiopathologie

La colite suppurante commence le plus souvent par le rectum où elle peut rester cantonnée, on parle alors de proctite, ou rectite (inflammation du rectum). Généralement, elle atteint l’ensemble du côlon et parfois même l’iléon.

  • Au stade aigu, l’examen de l’intérieur de l’intestin montre une muqueuse contenant de l’eau, et recouverte de multiples petites hémorragies.
  • Au stade plus avancé, alors que la muqueuse saigne facilement, on voit apparaître des ulcérations (petites plaies plus ou moins profondes).

Au fur et à mesure que le temps passe, la muqueuse perd sa coloration rouge, et devient de plus en plus pâle. Elle se déforme, et l’on voit apparaître des sortes de polypes (proéminences de la muqueuse) accompagnés de petits abcès.

Cette maladie se caractérise par des émissions par l’anus de mucus (sécrétion visqueuse semblable à de la glaire) associées à du sangLa rectocolite hémorragique (RCH), dont l’incidence familiale est élevée, est une maladie rare qui touche essentiellement la femme jeune (20-30 ans). Elle s’associe le plus souvent à une inflammation chronique des articulations vertébrales, la spondylarthropathie.

Examen médical

Examen complémentaire

Les examens complémentaires pour une colite suppurante sont :

  • Radiologie.
  • L’endoscopie, et plus particulièrement la rectoscopie (visualisation directe du rectum à l’aide d’une fibre optique), permettent de poser le diagnostic. Cet examen montre une muqueuse luisante et rouge, qui saigne spontanément dès qu’on la touche. La rectoscopie est accompagnée d’une biopsie qui permet de compléter le diagnostic. La rectoscopie est parachevée par la fibroscopie du côlon et de l’iléon (dernière partie de l’intestin grêle) particulièrement indiquée dans certaines formes de recto-colite ulcéro-hémorragique étendues, mais également quand il existe une suspicion de cancer à ce niveau.
  • Quelquefois la coloscopie est contre-indiquée, et il est nécessaire d’effectuer une radiographie de l’abdomen sans préparation, qui montre des modifications du côlon à type de dilatation (augmentation de volume).
  • Le lavement baryté est également utile et montre des rétrécissements du côlon, une disparition des contractions de celui-ci, ainsi qu’une muqueuse semblant contenir des polypes. Cet examen radiologique donne la possibilité de visualiser le gros intestin grâce à une radiographie effectuée après préparation par de la baryte (produit de contraste injecté dans le côlon). Il se pratique de moins en moins depuis la généralisation de la coloscopie (visualisation directe de l’intérieur du côlon, par l’intermédiaire d’un appareil muni de fibres optiques).
  • Une radiographie de l’abdomen prise sans préparation préalable, ne montre pas avec suffisamment de précision l’intérieur des organes creux. C’est pour cette raison que l’on emploie comme produit de contraste la baryte, qui met en valeur les modifications anatomiques et anormales de la paroi du côlon et de sa muqueuse de recouvrement (couche de cellules de protection). Le lavement baryté, que l’on introduit dans le rectum à l’aide d’une canule appelée anorectale, permet d’effectuer 2 types de lavements :
    • Le lavement baryté simple.
    • Le lavement baryté en double contraste. 

Traitement

Traitement

Les traitements de la colite suppurante sont :

  • Repos.
  • Utilisation de sédatifs.
  • Traitement de la diarrhée doit rester prudent, car il est susceptible d’aggraver la rectocolite hémorragique.
  • Régime (celui des diarrhées).
  • L'utilisation de la cortisone lors des poussées se fait :
    • Soit sous forme de comprimés en utilisant la prednisone.
    • Soit sous forme de lavements avec l'hydrocortisone plus spécifiquement utilisée dans les proctites (inflammation du rectum).
    • Soit par voie intraveineuse sous forme de perfusions continues d’hydrocortisone, surtout quand il existe une diarrhée fréquente et dans le mégacôlon toxique (voir complications). Le relais est ensuite pris par les corticoïdes en comprimés.
  • La sulfasalazine ou mésalazine est utilisée dans les formes dont l’évolution est rapide.
  • Le lavement doit être gardé aussi longtemps que possible. Il est administré le soir.
  • L’utilisation des immunosuppresseurs (médicaments dont le but est de diminuer l’activité du système immunitaire de l’organisme), comme l’azathioprine et la mercapurine, est controversée. Néanmoins, ils sont utilisés quand les corticoïdes sont mal supportés.
  • Il est parfois utile d’avoir recours aux transfusions sanguines quand il existe une anémie importante.
  • L’indication d’un acte chirurgical comme la proctocolectomie (intervention sur le rectum et l’anus), ou l’iléostomie (qui consiste à relier l’extrémité de l’intestin grêle à un orifice pratiqué sur la peau) ne se fait que dans les formes invalidantes et rebelles au traitement médical, en présence d’un cancer, ou d’hémorragies massives.
  • La colectomie (qui consiste à enlever une partie ou la totalité du côlon), est réalisée en cas de mégacôlon toxique ne guérissant pas par l’utilisation de corticoïdes en 24 ou 48 heures, ainsi qu’en cas de perforation. 

Évolution

Évolution

Une très petite partie (environ 10 %) des premières poussées présentent une rémission allant de 10 à 15 ans. Il existe une forme mineure, qui ne s’accompagne pas d’un amaigrissement important, sans fièvre, et avec uniquement quelques selles sanguines lentes. Les douleurs abdominales ne sont pas fortes pour ces patients, dont le diagnostic ne sera pas toujours effectué. Ils présentent parfois uniquement une proctite ulcéreuse (inflammation du rectum accompagnée de petites plaies localisées) dont le pronostic est favorable.

Environ 80 % des malades présentent des poussées émaillées de rémission, dont la durée est plus ou moins importante. Ces patients souffrent d’une forme de rectocolite ulcéro-hémorragique de gravité moyenne, se caractérisant par une perte de poids, et une température légèrement élevée. Ils présentent par ailleurs des douleurs de l’abdomen, et environ 4 à 6 selles par vingt-quatre heures. Ils sont susceptibles d’évoluer vers une aggravation des poussées, et pour quelques-uns d’entre eux, une rémission dont la durée est variable.

Pour 20 % des patients, il est nécessaire d’intervenir chirurgicalement lors de poussées graves.

En ce qui concerne la mortalité, celle-ci est relativement faible, et le plus souvent secondaire à une hémorragie importante, ou une dégénérescence cancéreuse.

Certains malades présentent une rectocolite ulcéro-hémorragique culminante, tout particulièrement des enfants et des adultes jeunes. Dans ce cas, les évacuations de selles sont incessantes, la température est élevée, l’état général s’altère de façon importante. Ils présentent un amaigrissement rapide, et les lésions s’étendent généralement à l’ensemble du côlon.

Complications

Les complications d'une colite suppurante sont :

  • Fistules : communications anormales entre un abcès et la peau. Elles sont dues à l’inflammation liée à la maladie, ou aux abcès.
  • Fissures anales : ulcérations de la muqueuse de l’anus. Cette plaie, de forme plutôt allongée, est due à une érosion. Elle est plus superficielle qu’une déchirure.
  • Abcès.
  • Sténose (diminution du calibre) des intestins.
  • Perforations survenant essentiellement dans les formes sévères de rectocolite hémorragique, sur une ulcération étendue qui a rendu la paroi de l’intestin extrêmement fragile.
  • Colectasie (dilatation du côlon), qui serait due à une diminution des possibilités de contraction de l’intestin due à l’inflammation. Sans doute l’utilisation inadaptée de médicaments qui diminuent la motilité intestinale, comme la codéine, le lopéramide, le diphénoxylate, l’élixir parégorique, ou de médicaments contenant des anticholinergiques (utilisés contre la diarrhée lors des poussées aiguës de cette maladie) semble devoir précipiter la survenue de cette complication. Le paradoxe qui réside dans cette complication, est la diminution de la diarrhée, qui ne correspond pas à une amélioration de l’état général du patient mais est due à son aggravation. En effet, cette diminution de la fréquence des diarrhées serait la traduction d’une atonie du côlon (baisse de la réponse musculaire). D’autres signes accompagnent cette complication typique de la rectocolite hémorragique : mauvais état général du patient, accélération du rythme cardiaque (tachycardie), chute de la tension artérielle, douleur abdominale.
  • Cancer du côlon : il touche les patients présentant une atteinte étendue de la muqueuse (on parle alors de pancolite), ou ceux qui présentent une évolution depuis de très nombreuses années. Il est difficile d’avancer des chiffres, mais on peut néanmoins parler de :
    • 1 % après 10 ans d’évolution.
    • 12 % après 15 ans.
    • 25 % après 20 ans.
    • 42 % après 24 ans.
  • Mégacôlon toxique : il s’accompagne d’une dilatation très importante due à une atteinte de l’innervation susceptible d’entraîner une paralysie de la musculature du côlon. Le mégacôlon toxique se caractérise par une déshydratation (perte de liquide de l’organisme) avec risque de perforations.
  • Hémorragies digestives basses, le plus souvent associées à une perforation.
  • Erythème noueux (apparition de nodosités sur une peau de coloration plus ou moins rouge, se situant au niveau de la face avant et interne des tibias entre autres).
  • Complications articulaires : elles surviennent environ chez 25 % des patients atteints de maladies inflammatoires des intestins. Elles revêtent différents caractères, et peuvent aller de la simple douleur des articulations aux atteintes articulaires importantes très douloureuses avec augmentation de volume. Elles touchent essentiellement les chevilles, les genoux et les poignets, mais les autres articulations peuvent également être concernées. Les examens de laboratoire sont négatifs, et la maladie évolue de façon parallèle à l’inflammation des intestins.
  • Manifestations cutanées à type de pyoderma gangrenosum, correspondant à une lésion cutanée importante pouvant être due à de nombreux germes. Elle survient le plus souvent sur le tronc et à la face antérieure du tibia. Elle guérit parfois sans cicatrice.
  • Oculaires (inflammation de l’iris et de l’uvée).
  • Hépatique : hépatite chronique, atteinte de la vésicule biliaire et des voies d’excrétion de transport de la bile.
  • Urinaire : calculs.
  • Problèmes de coagulation sanguine à type d’hypercoagulabilité (augmentation des capacités de coagulation du sang).