Causalgie

Définition

Définition

La causalgie est un syndrome (ensemble de symptômes) touchant le plus souvent les extrémités, et se caractérisant par une sensation de brûlure, s'associant à une perception plus importante au niveau de la peau (hyperesthésie cutanée), et à une altération spéciale de celle-ci qui prend une coloration rouge et luisante s'accompagnant localement d'un excès de sueur. D'autre part, l'attouchement des zones atteintes exacerbe les douleurs.

Historique

Ce terme a été utilisé par weir Mitchell Moorehouse, et Keen, en 1864 pour la première fois, au cours de la guerre de sécession américaine.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes des causalgies sont :

  • Douleurs intenses, permanentes, profondes, prolongées et comparables à celles provoquées par une brûlure.
  • Augmentation (exacerbation) de ces douleurs, lors de l'effleurement, ou de l'attouchement. A tel point que le port d'un vêtement est parfois suffisant pour déclencher des douleurs insupportables. Quelquefois, surgissent des douleurs qualifiées de douleurs en pointe, semblant venir de nulle part. Enfin, toujours en ce qui concerne la douleur, il est très important de préciser que celle-ci est indépendante de la lésion nerveuse en cause. Autrement dit, une même lésion aussi minime soit-elle, peut déclencher des accès douloureux très violents chez une personne, et moins chez une autre.
  • L'augmentation de la douleur par certains facteurs tels que la lumière, le changement de température, le bruit, l'émotion, le stress est une autre caractéristique des causalgies.
  • Coloration de la peau qui devient progressivement rouge. Les caractéristiques de la coloration de la peau sont importantes, et à prendre en considération. En effet, afin d'établir un diagnostic différentiel, il est nécessaire de savoir entre autres (pour des raisons médicolégales), que la causalgie est variable en fonction de la température ambiante, de la lumière, de l'humidité. C'est la raison pour laquelle il faut tenter de faire le diagnostic à des moments différents (lors plusieurs consultations). Les changements cutanés sont les suivants :
    • Apparition de fines squames (sortes de petites écailles).
    • La peau devient brillante, sèche. On constate chez certains patients une modification de la structure des poils, des ongles qui sont plus fragiles, parfois augmentés de volume, cassants et qui poussent plus rapidement (preuve diagnostique pour certaines équipes médicales). On constate (rarement) des troubles de la trophicité générale de la peau, qui nécessite heureusement rarement, une amputation.
    • Présence d'une chaleur locale, ou au contraire changement de température relativement rapidement. De la même manière que la coloration de la peau est variable au cours de la causalgie, la chaleur est également modifiée dans les mêmes circonstances.
    • Excès de sudation (hypersudation).
    • Augmentation de volume d'un membre, due à la présence d'un oedème (collection liquidienne) sous-cutané. Pour certaines équipes médicales, si l'oedème est nettement démarqué sur la surface de la peau le long d'une ligne, il s'agit presque d'une preuve que le patient présente une causalgie.

Physiopathologie

La causalgie rentre dans le cadre de la dystrophie sympathique réflexe douloureuse régionale complexe (DSR/SDRC). Le terme de causalgie est encore utilisé pour désigner les symptômes survenant au cours de cette maladie. Néanmoins, il semble plus logique surtout quand il existe une lésion nerveuse décrite avec certitude, d'employer le terme de causalgie. Pourtant ce terme a tendance à disparaître, et à être remplacé par celui de dystrophie sympathique réflexe, depuis la modification de la nomenclature par l'association internationale pour l'étude de la douleur (internationale association for the study of pain).

Le mécanisme (physiopathologie), est basé sur celui du système nerveux sympathique, qui est le système nerveux autonome de l'organisme permettant de réguler certaines fonctions automatiques :

  • Battements cardiaques.
  • Respiration.
  • Digestion.
  • Cicatrisation.
  • Circulation.
  • Sécrétions hormonales.
  • Sécrétions salivaires, dans cette pathologie le système nerveux sympathique fonctionne anormalement, ne sachant plus réguler ses fonctions essentielles. C'est une des raisons qui a fait dire par certaines équipes médicales que la causalgie relevait, au cours du traitement, d'une approche psychosomatique, et psychothérapeutique. 

Examen médical

Examen physique

L'examen du patient est très important. Il montre, entre autres la diminution de la mobilité comme si le patient avait les articulations raides. Certaines personnes présentent, soit secondairement à la diminution de mobilité, soit spontanément, une atrophie musculaire (diminution de volume des muscles et de leur tonicité, force). Cette symptomatologie relative à l'impotence fonctionnelle (difficulté à bouger), entraîne progressivement le patient dans une maladie psychique et un cercle vicieux.

Examen complémentaire

  • L'utilisation d'un thermomètre à infrarouge, permet de confirmer le diagnostic avec quasi-certitude.
  • Les radiographies montrent quelquefois une perte osseuse (ostéoporose en plaques).
  • La scintigraphie osseuse objective l'augmentation, ou la diminution, de la capture de certaines substances radioactives, mettant en évidence des lésions osseuses.
  • Le technétium 99m est utilisé après injection intraveineuse.
  • L'étude des conductions nerveuses, la tomographie axiale assistée par ordinateur (CAT scan), l'électromyogramme, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ne sont pas forcément positifs au cours de cette pathologie.

Cause

Cause

Les causes des causalgies sont :

  • Elles sont dues à une lésion du tissu nerveux proprement dit (plaie nerveuse).
  • Généralement ces plaies sont secondaires à un traumatisme des gros troncs nerveux (nerf médian passant au milieu de l'avant-bras), ou nerf sciatique.
  • Les causalgies seraient également à l'origine de douleurs faciales (névralgie faciale), de douleurs de l'oesophage, et de l'estomac.

Traitement

Traitement

Les traitements de la causalgie sont :

  • Elle cède le plus souvent difficilement, et nécessite quelquefois l'administration d'analgésiques (antidouleur local), complétée par des stimulations électriques, et dans certains cas il est nécessaire de pratiquer une intervention chirugicale sur le nerf lui-même.
  • L'utilisation d'antalgiques (antidouleurs) par voie orale est le plus souvent nécessaire. Cette utilisation peut dériver vers une forme de toxicomanie. La rééducation en prend une place très importante pour certains thérapeutes, peu pour d'autres.
  • La physiothérapie doit d'enseigner au patient la manière d'utiliser les parties du corps qui sont affectées aux activités de la vie quotidienne. La piscine est particulièrement utile surtout chez certains patients qui ont du mal à supporter le poids de leur propre corps.
  • Certaines équipes préconisent l'utilisation de vasodilatateurs périphériques (médicaments destinés à augmenter le calibre des vaisseaux). L'aspirine et les infiltrations locales de procaïne, sont également utilisées par certains. Comme dans l'algodystrophie, le bloc sympathique régional à la guanéthidine a été proposé, l'utilisation de la clonidine (en timbre), a été également proposée par certaines équipes. Les autres médicaments quelquefois utilisés sont :
    • Le klonopin (clonazépam).
    • Le baclofen.
  • Pour la douleur localisée, liée à la lésion d'un nerf :
    • La crème de capsaicine (sorte de piment).
    • La pompe à morphine est quelquefois utilisée également. Malheureusement il s'agit d'une technique onéreuse, qui présente des contre-indications. D'autre part elle nécessite tout de même la surveillance du patient, qui a tendance à absorber parallèlement d'autres antalgiques contenant également de la morphine.
  • La sympatectomie (la sympatectomie laparascopique) est quelquefois utile. Il s'agit d'une procédure relativement invasive, susceptible de présenter des complications potentielles. Cette solution ne doit être envisagée que chez chez certains patients seulement.
  • La stimulation de la moelle épinière (SME) est réservée aux patients sévèrement handicapés, et constitue une autre méthode thérapeutique utilisée parfois. Des impulsions électriques de faible intensité, sont utilisées pour déclencher certaines fibres nerveuses sélectionnées le long de la moelle épinière (colonne dorsale).

Évolution

Évolution

La guérison n'est pas obtenue facilement, et nécessite quelquefois une très longue période. Néanmoins, ceci n'est vrai que pour certains patients. En effet, la maladie dure quelquefois plusieurs années, voire toute une vie pour certains, et seulement quelques semaines, voire quelques jours pour d'autres.

D'autre part, selon le degré de l'atteinte il est possible de voir s'installer des déformations, et une répercussion sur la sphère psychologique venant aggraver le tableau clinique, et nécessitant des consultations spécialisées en neuropsychologie.

Dans certains cas, les patients deviennent dépendants des narcotiques, et peuvent être frappés d'une incapacité complète due à cette pathologie.

Diagnostic différentiel

Il ne faut pas confondre avec :

  • Toutes les maladies susceptibles d'entraîner une augmentation de la douleur avec :
    • Hyperesthésie.
    • Augmentation de volume des extrémités.
    • Changement de température cutanée locale.
    • Hypersudation.
  • Une phlébite.
  • Une algodystrophie réflexe.
  • Un syndrome du canal carpien.
  • Une lymphangite.
  • Un syndrome de Raynaud.
  • Une fibromyalgie.

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