Asthénie

Définition

L’asthénie est le terme médical utilisé pour signifier une fatigue physique. Il s'agit plus précisément d'une diminution du pouvoir de fonctionnement, entraînant une faiblesse généralisée de l'organisme.

Classification

Il existe plusieurs formes d'asthénie pour lesquelles la démarche diagnostique n'est pas évidente d'ailleurs.

L'asthénie somatique, s'explique par une véritable atteinte de l'organisme (pathologie organique identifiable).
Elle entraîne peu de fatigue le matin et plutôt une fatigue tout au long de la journée, notamment le soir (on parle d'asthénies vespérales). Elle peut être légèrement améliorée par le repos et engendre peu de troubles du sommeil.
Cette dernière, de diagnostic difficile, sans prétention d'exhaustivité, comporte un grand nombre de pathologies.

Citons par exemple :

L'asthénie infectieuse.
La mononucléose infectieuse.
La brucellose.
La tuberculose.
L'infection par le virus du sida.
L'endocardite infectieuse.

L'asthénie endocrinienne et métabolique due à des perturbations du fonctionnement de la glande thyroïde entre autres, mais également secondaire à d'autres problèmes hormonaux, à des maladies de système comme :

La polymyosite.
La sarcoïdose.
Le lupus érythémateux disséminé.
La maladie de Gougerot.
La polyarthrite rhumatoïde.
La maladie de Horton.

L'asthénie neurologique comprenant les maladies musculaires vraies, telles que :

La myopathie stéroïdienne ou la myopathie thyroïdienne.
La myopathie thyrotoxique.
La maladie métabolique mitochondriale.
La sclérose en plaques.
La maladie de Parkinson.
Le syndrome d'apnée du sommeil.
La narcolepsie.

L'asthénie néoplasique liée à des cancers.

L'asthénie hématologique avec :

Anémie.
Dysglobulinémie et hypoprotidémie.
Myélome.
Maladie de Waldenstrom.

L'asthénie des maladies hépatiques :

L'asthénie cardio-vasculaire et respiratoire.

L'asthénie toxique et iatrogène (due à l'absorption de médicaments).

Le deuxième type d'asthénie est d'origine psychique (ou psychosomatique) souvent liée à un état dépressif mais il existe également des asthénies d'origine psychique qui ne sont pas de nature dépressive.
Cette dernière est le résultat d'un problème psychologique, d'une perturbation psycho-affective. Elle survient essentiellement le matin au réveil, et est quelquefois intermittente. Le repos l'aggrave le plus souvent. Elle est le plus souvent accompagnée d'insomnies, ou de non-récupération durant la nuit.

L'asthénie liée à des états anxieux chroniques avec troubles de panique.
L'asthénie de type trouble somatoforme (appelée auparavant hystérie asthénique, entre autres).
Les troubles de la personnalité.

Le diagnostic d'asthénie n'est pas toujours évident à poser. C'est la raison pour laquelle, il est nécessaire de prendre quelques précautions avant d'avancer une cause psychologique à la survenue d'une fatigue quelle qu'elle soit.

Une asthénie qui dure depuis l'enfance est rarement une asthénie somatique (c'est-à-dire une maladie de l'organisme). Par contre, une asthénie qui apparaît depuis quelques jours, et surtout depuis quelques semaines, peut traduire une véritable atteinte organique, donc une pathologie non psychologique.

Symptômes

Les symptômes susceptibles de survenir durant l'asthénie, sont généralement les troubles du sommeil, et les douleurs. Cependant, les asthénies somatiques entraînent peu de troubles du sommeil, alors que les asthénies psychiques, sont le plus souvent accompagnées d'insomnie ou de non-récupération durant la nuit, ceci étant sans doute lié à l'anxiété, voire à une dépression.

On ne peut parler de troubles du sommeil sans parler des apnées du sommeil. Les symptômes du syndrome d'apnée du sommeil doivent être recherchés systématiquement. Ainsi, un individu ayant l'impression d'avoir toujours besoin de dormir pendant la journée, et dont la conjointe ou le conjoint déclare l'entendre ronfler la nuit a de fortes chances de souffrir d'apnée du sommeil.

Le plus souvent, la première question posée par le médecin sera “cette fatigue est-elle survenue à la suite d'un effort ?”, puis ”est-ce que le repos a permis de récupérer de cette fatigue, ou au contraire est-ce que le repos a semblé aggraver la fatigue ?”.

Les réponses à ces questions permettent de différencier la fatigue de l'asthénie. Ainsi, l'asthénie correspond à une absence de réversibilité malgré le repos, autrement dit le repos ne soulage pas de l'asthénie (sauf les asthénies somatiques qui peuvent être légèrement améliorées par le repos). Dans les asthénies psychiques, le repos aggrave le plus souvent l'asthénie. On parle de syndrome de fatigue ou d'asthénie si le patient en souffre depuis au moins six mois.

Examen médical

Examen physique

L'interrogatoire est particulièrement important pour poser le diagnostic d'asthénie. Il va permettre de préciser, en dehors des conditions de vie du patient, les caractéristiques de la fatigue. Le médecin devra s'enquérir du type d'asthénie, des autres symptômes qui l'accompagnent et surtout de son évolution.

L'examen physique du patient : un patient atteint de fatigue ou d'asthénie doit, à l'instar de n'importe quel autre malade, subir un examen physique complet. Il faut entendre, par examen physique :
- L'auscultation pulmonaire.
- L'auscultation cardiaque.
- L'auscultation des artères.
- La palpation abdominale.
- La prise de la tension artérielle à la recherche d'une hypotension orthostatique (c'est-à-dire d'une chute de tension quand le patient passe de la position allongée à la position debout).
- La mise en évidence d'éventuels ganglions anormaux (palpation des aires ganglionnaires à la recherche d'adénopathie).
- L'examen et la palpation des seins.
- L'examen des yeux (conjonctive), de la bouche, de la glande thyroide.
- Les touchers pelviens (touchers rectal et vaginal).
Les analyses de sang doivent comporter (liste non exhaustive) :
- Numération formule (nombre de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes).
- Sidérémie (quantité de fer dans le sang).
- Ferritine.
- Vitesse de sédimentation.
- Dosage de la protéine C réactive.
- Transaminases.
- Créatininémie.
- Ionogramme.
- Calcémie.
- Dosage des hormones thyroïdiennes (T3, T4, TSH)
- CPK.
- Electrophorèse des protéines.
- Anticorps antinucléaires.
Les examens complémentaires comprennent systématiquement la radiographie du thorax, et d'autres examens si le médecin le juge nécessaire.
- Si les symptômes d'asthénie persistent au-delà de quelques semaines, il sera nécessaire d'envisager des investigations supplémentaires un peu plus extensives. Il faut garder à l'esprit que la multiplication des examens risque de rendre le patient plus anxieux, et de le faire rentrer dans un cercle vicieux où l'anxiété joue un rôle essentiel. En effet, les examens, mêmes s'ils s'avèrent négatifs, ont tendance à rendre le patient inquiet.
- A la vue des résultats biologiques et cliniques (examen et palpation du patient), il est le plus souvent possible de commencer à orienter le diagnostic vers une asthénie somatique, psychique ou réactionnelle.

Cause

Cet état survient :

après une activité physique
un travail intense
ou encore un effort

Il ne disparaît pas avec le repos.

Une asthénie (souvent confondue avec la fatigue) n'est pas forcément d'origine psychologique, psychosomatique, voire neurogène.

Les pathologies les plus fréquemment rencontrées chez les patients consultant pour cause d'asthénie sont :

La fibromyalgie.
Le syndrome de fatigue chronique.
L'hypothyroïdie.
L'anémie.
Les infections (et avant tout les infections virales).
Le syndrome du côlon irritable.
Les douleurs musculosquelettiques.
Les maux de tête.
Les douleurs abdominales.
Des sensations vertigineuses.
Les maladies auto-immunes.

La notion d'antécédents de problèmes psycho-affectifs, d'anxiétés, d'angoisses, et surtout de dépressions revient souvent au cours de la consultation. C'est plus particulièrement le terme de dépression, qui est le plus souvent avancé par le patient lui-même, généralement parce que ce diagnostic a été posé, quand il a consulté un médecin en raison de sa fatigue.

Il nous semble important d'insister sur cette notion de syndrome dépressif, à propos duquel plusieurs enquêtes ont été menées auprès des médecins. Ces enquêtes ont révélé qu'il existait souvent une confusion, entre la dépression et l'asthénie.
Bien entendu, il s'agit de deux pathologies bien différentes, pour lesquelles une consultation approfondie est nécessaire, de façon à bien différencier les symptômes. Ceci est d'autant plus important que le traitement sera, bien entendu, totalement différent dans un cas, et dans l'autre.
Ceci ne signifie pas qu'il n'existe pas d'asthénie au cours des dépressions, bien au contraire. Une récente étude effectuée auprès des centres spécialisés des hôpitaux universitaires, chez des patients asthéniques, a montré que, dans plus de la moitié des cas, il est possible de porter au moins un diagnostic psychiatrique. Autrement dit, la fatigue était expliquée par la dépression, plus précisément la dépression semblait être la cause de la fatigue, et non pas l'inverse.

Toujours dans le même domaine, il est intéressant de se pencher un moment sur la fibromyalgie, maladie semble-t-il très commune, puisque touchant environ un million de personnes en France. Au cours de ce syndrome, qui comporte essentiellement une fatigue chronique datant de plus de six mois, des douleurs dans l'ensemble de l'organisme, et plus précisément au niveau de certaines articulations (cou, vertèbres lombaires, hanche, genou, coude), et des troubles du sommeil, on peut se poser la question de la dépression qui semble être plutôt une réaction à l'ensemble des symptômes de cette maladie.

Dans le domaine de la rhumatologie, les fatigues sont liées à des douleurs musculaires, articulaires ou osseuses. Bien entendu, les rhumatismes musculaires ou articulaires, sont également source de fatigue chronique, et de fatigue invalidante (pour un quart d'entre elles).

Traitement

Le syndrome de fatigue chronique et la fibromyalgie sont deux entités médicales au centre d'une polémique actuellement. En effet, pour certains spécialistes en médecine interne, rhumatologues et neuropsychologues, il s'agirait de maladies liées à des perturbations psychoaffectives.

Dans le cadre de ces deux pathologies, il n'a pas encore été mis en avant des causes médicales, et biologiques bien clairement définies.

D'autre part, une prise en charge psychothérapeutique améliore, chez un patient sur trois, le tableau clinique d'asthénie et de douleurs généralisées.

Le traitement est bien entendu directement dépendant de la cause.