Anorexie primitive du nourrisson

Définition

Définition

L’anorexie (absence d’appétit ou perte d’appétit) du nourrisson est un des motifs de consultation le plus fréquent en pédiatrie. Il s’agit également d’une source d’inquiétude particulièrement grande pour les parents et chaque mère qui voit son bébé pleurer pense immédiatement à un problème lié à l’assimilation de la nourriture, de façon générale et plus précisément d’un trouble de l’appétit. Pourtant l’anorexie est rarement la conséquence d’une maladie au sens vrai du terme c’est-à-dire organique. Ce n’est pas une raison pour ne pas y penser.

L’anorexie du nourrisson est le plus souvent le résultat d’une infection, symptôme très banale en soi. Ceci se traduit par de la fièvre, des vomissements, une toux et un écoulement nasal. Justement dès cet instant la diminution du désir d’avaler des aliments, en cas d’infection, s’explique aisément. En effet, l’organisme du bébé a besoin de toutes ses forces pour lutter contre les germes à l’origine de cette affection. Il s’agit donc d’une anorexie infectieuse ou bien post-infectieuse (survenant après une infection) qui permettra éventuellement au médecin d’apporter des renseignements supplémentaires aux parents en termes d’éducation parentale et en particulier la mère, en lui signalant l’inutilité de « bourrer » son enfant c’est-à-dire de le forcer à manger.

Le deuxième cas d’anorexie du nourrisson est l’anorexie primitive qui, quant à lui, pose un réel problème au médecin. L’enfant n’a pas faim, il ne finit pas ses repas et ceci est une des raisons pour laquelle la maman vient consulter. Il s’agit d’une mère qui est nerveuse et inquiète. Généralement le nourrisson concerné par l’anorexie primitive est un beau nourrisson ne présentant pas de problème de croissance durant les premiers mois et qui mangeait normalement voire légèrement plus que les autres nourrissons à la même époque, ce qui a eu pour effet de faire grossir cet enfant qui maintenant présente une rupture de la courbe de croissance et du poids. L’enfant se met à vomir il refuse les biberons et le fait de le forcer à manger aboutit un cercle vicieux qui ne peut qu’aggraver la situation.

Il peut s’agir également d’un bébé qui n’a jamais eu vraiment très faim, contrairement au précédent. Dès les premières semaines, quelquefois même dès les premiers jours, la mère rapporte un déficit d’assimilation de nourriture à cause d’un refus de prendre la ration quotidienne, voire de laisser les repas entiers ou de ne pas terminer les biberons. À l’instar du bébé précédent les vomissements aboutissent à une insuffisance de prise de poids.

Il s’agit d’un réel problème dont il faut tenir compte et ne pas se contenter de phrases rassurantes comme par exemple :
-ne vous inquiétez pas Madame, Monsieur, tout va s’arranger.

L’interrogatoire des parents et l’examen du bébé va permettre de préciser les modalités d’installation de l’anorexie. Il est important de faire connaissance avec la maman pour connaître son comportement. L’entourage est également intéressant de part ses influences sur le nourrisson.
Il est nécessaire de déceler une éventuelle tension au sein de la famille, tension due à l’anorexie de l’enfant, aboutissant à cercle vicieux : anxiété du nourrisson entraînant anxiété de la famille entraînant anxiété du nourrisson.
Le reste de l’interrogatoire va permettre d’éventuellement mettre en évidence d’autres symptômes de l’appareil digestif comme par exemple une constipation, au contraire une diarrhée ou encore des vomissements.
L’examen clinique du nourrisson permet d’obtenir son poids, sa taille, la coloration de la peau et des muqueuses. L’examen de l’abdomen et l’examen des muscles permettent d’obtenir d’autres renseignements précieux.

Après avoir éliminé une anorexie faisant suite à une infection dont la plus fréquente est la rhinopharyngite ou l’infection urinaire, il faut penser à une anémie hypochrome (par carence en fer) dont la caractéristique est la pâleur de l’enfant, une malabsorption digestive, une atteinte cardio-vasculaire de nature congénitale souvent mise en évidence par l’auscultation du cœur et plus rarement une insuffisance rénale.

Les examens complémentaires comporteront la formule numération sanguine (nombre de globules rouges, blancs et plaquettes), examen des urines, dosage de l’urée dans le sang et créatininémie. Ces examens vont permettre de rassurer la mère quand ils sont normaux.

Il est nécessaire d’éviter, devant un symptôme isolé quand l’enfant est convenablement examiné, d’entrer dans le jeu de la maman en organisant une situation qui multiplie les examens complémentaires inutiles et surtout des traitements qui ne servent à rien. Il ne faut donc pas aggraver les choses car il risque de compliquer la situation. Enfin il est également grave de culpabiliser les parents en parlant de perturbations psychoaffectives en termes de relations entre les parents et l’enfant.