Alcool : effets sur le système nerveux central

Définition

Définition

L'alcool a un effet, immédiat ou à plus ou moins long terme, sur le système nerveux, c'est-à-dire les centres nerveux et les nerfs permettant de coordonner et de commander l'ensemble des appareils (ensemble d'organes qui remplissent une fonction, au sens large du terme) de l'organisme, mais également la réception des messages liés à la sensation, à la cognition (moyen intellectuel par lequel on acquiert une connaissance) et au psychisme.
Le système nerveux en tant que tel est constitué, dans sa définition anatomique, du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) et du système nerveux périphérique (nerfs proprement dits).

Généralités

1) L'effet immédiat (plusieurs verres au cours d'une soirée par exemple) peut être à l'origine d'un black-out, c'est-à-dire un oubli complet ou partiel des événements qui sont survenus pendant la période de beuverie.
Ce type d'événement touche essentiellement les jeunes de 17 à 20 ans. Heureusement, cela reste dans la majorité des cas un événement isolé et exceptionnel.
L'alcool a également une répercussion sur le sommeil, en aidant l'individu à s'endormir et en réduisant, en début de sommeil, le temps de sommeil paradoxal (période pendant laquelle on rêve). Parfois, un rebond en fin de nuit se traduit par des cauchemars. Le sommeil d'un individu qui a bu est fragmenté et les différentes phases qui composent habituellement le sommeil alternent plus rapidement. Le sommeil profond est perturbé, avec des éveils répétés et une mauvaise récupération de la fatigue.

2) L'ingestion continue de fortes doses d'alcool (éthanol) entraîne, chez environ 5 à 15 % des alcooliques, une neuropathie périphérique (appelée également polynévrite alcoolique) qui est sans doute due à un déficit en vitamines du groupe B (thiamine = vitamine B1).
Cette pathologie se caractérise par :

  • une maladresse des membres
     
  • des paresthésies (sensations à type de fourmillement, membre "endormi") surtout ressenties au bout des membres
     
  • des troubles de la sensibilité profonde
     
  • des hyperesthésies
     
  • des crampes
     
  • des douleurs spontanées ou provoquées
     
  • des déficits moteurs s'expliquant par une dégénérescence des neurones. Ces troubles touchent particulièrement le pied, dont les muscles atteints empêchent la pointe du pied de se relever. Par la suite, le malade est dans l'impossibilité de rester sur la plante des pieds
     
  • abolition des réflexes
     
  • diminution du volume des muscles des jambes
     
  • atteinte du nerf optique
     
  • certains patients présentent un syndrome de Korsakoff qui se caractérise par une amnésie (perte de mémoire), une fabulation (voir plus loin) et une polynévrite (inflammation des tissus nerveux). Sa principale cause est l'alcoolisme chronique (permanent) à l'origine de la maladie de Gayet-Wernick (encéphalopathie) qui entraîne des troubles neurologiques et psychologiques dus à des lésions des vaisseaux et des cellules nerveuses, et nécessitant un traitement par vitamine B1 à forte dose, faute de quoi son évolution est mortelle.
    Ses symptômes sont :

    – des troubles caractéristiques de la mémoire : perturbation de la mémoire des informations nouvelles alors que les souvenirs des événements lointains sont moins touchés. La mémoire se situe dans le cerveau, plus précisément dans les lobes temporaux (partie du cerveau située vers les tempes). Pour les personnes atteintes de cette pathologie, le recueil et la rétention de l'information sont impossibles.

    – un léger déficit intellectuel

    – une désorientation dans le temps et dans l'espace

    – des fabulations : pour compenser leur absence de mémoire, ces malades se servent de la fabulation. La fabulation est le fait de présenter comme une réalité vécue ce qui est purement imaginaire et, aux questions qui leur sont posées, ils donnent des réponses qui ne sont ni claires ni plausibles, et n'appartiennent qu'au monde intérieur du malade

    – une modification de l'humeur avec apathie (indifférence générale)

    – des troubles de l'affectivité

    – une légère euphorie parfois

    – pas de réponse aux situations qui sont habituellement à l'origine de stress

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Le scanner ou l'I.R.M. détectent l'atteinte du cervelet et celle du cortex (couche de cellules recouvrant la périphérie du cerveau), qui se caractérise par une augmentation de la taille des sillons à la surface du cerveau et des ventricules cérébraux (petites cavités situées au centre du cerveau et contenant le liquide céphalo-rachidien).

ÉVOLUTION

Évolution des signes neurologiques chez l'alcoolique chronique :
Environ 1% des patients intoxiqués par l'alcool ont, en plus, des problèmes de malnutrition et développent une dégénérescence cérébelleuse (destruction progressive du cervelet), se traduisant par des troubles de l'équilibre en position verticale ou à la marche, et quelquefois un nystagmus (mouvements involontaires d'oscillation de faible amplitude et de rotation du globe oculaire).
Progressivement, les alcooliques présentent des problèmes cognitifs associés à une altération de la mémoire.

On a remarqué qu'après une abstinence d'environ 1 an, il existait une évolution favorable des structures du système nerveux central (voir examens complémentaires). Néanmoins, dans quelques cas, on retrouve une atteinte permanente et irréversible du système nerveux central que l'on appelle la démence alcoolique. Cette démence alcoolique n'est pas forcément due à l'imbibition alcoolique chronique mais sans doute aux carences nutritionnelles que subissent le plus souvent les alcooliques livrés à eux-mêmes.

En ce qui concerne les signes purement psychologiques, on a décrit des tristesses intenses pouvant durer des semaines, voire des mois, après une période de consommation importante d'alcool. Ces signes sont parfois associés à une anxiété et à une agitation motrice qui persiste quelquefois longtemps après le sevrage. Des signes d'hallucinations et de délire de persécution ont également été décrits.

TRAITEMENT

Le traitement de l'atteinte neurologique et psychologique induite par l'alcool fait appel à l'abstinence totale et au soutien psychologique.
Le rétablissement du patient est fonction des organes atteints.
L'utilisation d'une nourriture adaptée, spécifiquement riche en vitamines de tous les groupes et en oligo-éléments, est un facteur important de réhabilitation. Il est généralement conseillé d'apporter aux patients, en dehors d'une grande quantité en vitamine B, 50 à 100 mg tous les jours de thiamine pendant au minimum une semaine.

Crédit photo : Silhouette of an alcoholic in despair –  thaumatr0pe

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