Décharge électrique apparemment inoffensive et pourtant foudroyante.

C’est l’histoire, racontée par un journal médical anglais (le Lancet) d’un individu qui, simplement, a voulu réparer son ordinateur à la maison et a reçu une petite décharge électrique de 220 V dans la main droite…

Tout commence aux urgences où cette personne est accueillie et où l’on pratique quelques examens simples, en particulier le dosage de la troponine (variété d’enzymes musculaires) et celui des globules blancs, qui s’avèrent à peu près normaux. Le patient rentre chez lui tranquillisé avec un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien (ne contenant pas de cortisone) et des anxiolytiques.

Le lendemain, notre bricoleur ressent des lourdeurs dans le bras droit (qui apparaît froid) s’associant à des picotements (paresthésies). Son médecin généraliste l’oriente, pour plus de sécurité, vers un centre médical d’urgence où l’on va effectuer une écho-doppler qui ne détecte aucune anomalie des membres supérieurs. Un nouveau dosage de troponine est effectué, et l’on fait, en plus, celui des cpk (enzymes musculaires également) et des globules blancs. Ces examens sont à peu près normaux comme la veille. À nouveau le patient rentre chez lui et on lui conseille un simple traitement symptomatique (contre la douleur).

Le soir, cet homme ressent des lourdeurs en bas du dos, dans la région lombaire, douleurs qui irradient dans les deux membres inférieurs et s’accompagnent de difficultés à déambuler. Pour cette raison, il est emmené, avec l’aide de sa famille, aux urgences hospitalières où est pratiqué en urgence une IRM de la moelle épinière de façon à éliminer une compression de cet organe. On préfère hospitaliser ce patient en unité de soins intensifs et l’on pose le diagnostic d’ischémie aiguë bilatérale des membres inférieurs, c’est-à-dire diminution de la vascularisation, survenant sur un mode rapide, des 2 jambes. L’équipe médicale estime que le patient présente, d’autre part, une paraplégie des membres inférieurs (paralysie des deux jambes). À cela s’ajoute une ischémie du membre supérieur droit (diminution de la vascularisation) et une insuffisance cardiaque (insuffisance de fonctionnement de la pompe cardiaque proprement dite).

À partir de là, il est à nouveau procédé à des analyses de sang montrant cette fois-ci une élévation très importante de la troponine (plus spécifiquement de la troponine Ic) qui est passée à 130 microgrammes par litre (alors qu’elle était au départ à 0,03 microgrammes par litre) ce qui représente une évolution très importante. La myoglobine sérique (variété de protéines provenant de la destruction des muscles) est, quant à elle, à 39690 microgrammes par litre. Une équipe de cardiologues prend en charge ce patient et effectue une série d’examens complémentaires comprenant un électrocardiogramme qui montre un infarctus (destruction d’une partie du myocarde : muscle cardiaque proprement dit). Un angioscanner est également demandé et celui-ci montre des thrombus (caillots sanguins) localisés à l’aorte ascendante, c’est-à-dire une des parties de l’aorte (celle qui démarre immédiatement du cœur). Cet examen met en évidence également des thrombus de l’aorte abdominale et des troncs subaortiques, autant dire d’une grande partie de l’aorte. Tout ceci est confirmé par l’échographie que l’on fait à travers l’œsophage (échographie transoesophagienne) et qui montre également une atteinte de l’artère coronaire gauche, à l’origine du mauvais fonctionnement de la partie gauche du coeur qui perd environ les trois quarts de ses capacités d’éjection du sang.

Rapidement, l’état du patient va se détériorer et nécessiter une aide à la ventilation (ventilation mécanique), des injections intraveineuses d’adrénaline et d’anticoagulants ainsi qu’une thrombectomie en urgence, c’est-à-dire une ablation des caillots sanguins de l’aorte ascendante et de la coronaire gauche ainsi que des artères qui irriguent les jambes.

L’état du patient va se détériorer très rapidement après l’intervention chirurgicale. Les dernières analyses montrent un dosage des CPK particulièrement élevé à 157 688 unités par litre ainsi qu’une myoglobine à 411 800 microgrammes par litre et de troponine à 435 microgrammes par litre. Tout ceci indique que la santé du patient est très délabrée et que son évolution sera péjorative. La mort de ce patient surviendra environ 12 heures après l’intervention chirurgicale décrite précédemment.